Cet article date de plus de douze ans.

Incertain futur

Dérèglements sociaux ou climatiques... Avec "Nu-Men", Fabrice Neaud choisit le registre de l'anticipation et Philippe Squarzoni, auteur de Saison brune, celui de l'enquête pour dire l'inquiétude des lendemains qui déchantent.
Article rédigé par Jean-Christophe Ogier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (©)

Fabrice Neaud s’est imposé
dans le paysage de la bande dessinée via son Journal de plus de 800 pages. 
Il y relate avec une sincérité risquée et une minutie maniaque sa
relation épidermique au monde et aux hommes. Fabrice Neaud est homosexuel, il
ne s’en cache pas, mieux, il revendique l’affirmation d’un discours qui se pose
face à l’hétéro centrisme dominant. Ce Journal lui a valu la reconnaissance
critique et publique.

Contraint d’interrompre son grand œuvre pour avoir exposé sans précautions
la vie des autres, Fabrice Neaud se lance dans un projet qui lui tenait à cœur depuis
longtemps : une série de science fiction. Sûr qu’ainsi, on ne pourra pas
lui reprocher de parler de ce qui l’entoure. Encore raté, évidemment. Dans
Nu-Men , il est question du monde tel
qu’il va, mal, de la guerre et des oubliés de la mondialisation.

Le héros est un soldat
bodybuildé. Aux scènes d’émeutes succèdent les visions de cathédrales qui,
elles, voisinent avec les décombres de métal tordu qui rappelle ground zero. Le dessin renvoie aux comics
américains. On pense aussi au manga Akira, même si l’auteur affirme avoir fait
une vraie bande dessinée franco-belge.

Nu-Men , tome 1, Guerre
urbaine
sous le label Quadrants.

Quand on l’interroge sur le
travail de ses collègues, Fabrice Neaud est assez sévère, notamment envers ceux
qui font de la bande dessinée de reportage. Le seul qui trouve grâce à ses
yeux, c’est Philippe Squarzoni.  Squarzoni
ne fait pas de la bande dessinée pour raconter des histoires ou passer le
temps. Ancien militant d’Attac, il politise ses bulles et engage ses planches. Sa
nouvelle BD, Saison brune, est le
fruit d’une longue enquête sur le changement climatique mis en évidence par le
Giec, le groupe d’experts intergouvernemental sur le climat, prix Nobel de la
paix 2007. Squarzoni dresse un constat accablant et pose la question :
Pendant combien de temps encore peut-on se permettre de ne rien faire ?
Face caméra, les climatologues démontrent, et le dessinateur enfonce le clou
dans la couche d’ozone.

Saison brune aux
éditions Delcourt. (En avant première au Salon du livre de Paris. Sortie en librairie le 28 mars 2012)



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