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BD, bande dessinée. Si Pénélope prenait le large…

Dans "Les deux vies de Pénélope", la dessinatrice flamande Judith Vanistandael renverse les rôles attribués aux femmes et aux hommes dans "L’Odyssée". 

Radio France
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LE RETOUR A ITHAQUE N'EST PAS FACILE (JUDITH VANISTANDAEL, LE LOMBARD)

Pénélope part, Ulysse reste. Une fille grandit sans sa mère. Judith Vanistandael brosse le portrait d’une femme médecin dont la motivation généreuse - sauver des vies au bout du monde dans un pays en guerre - la met en porte-à-faux avec ses proches.

Père héroïque et mère indigne

Ironiquement, la dessinatrice flamande se présente comme spécialiste des sujets très lourds. Après avoir abordé le cancer, la trajectoire d’un réfugié politique et le terrorisme, Judith Vanistandael pose une question sensible : une mère a-t-elle le droit, même pour la bonne cause, de quitter sa famille ?

On a un temps limité ; chaque jour a 24 heures. Éduquer un enfant prend beaucoup de temps et d’attention. Quand on a des enfants, on a toujours un choix à faire entre la quantité d’engagement qu’on aura envers l’enfant et envers le monde.

Judith Vanistandael

Se poserait-on la question pour un homme ? Judith Vanistandael s’est fait la réflexion en relisant L’Iliade et L'Odyssée. Comme son propre grand-père, qui était toujours par monts et par vaux, et qui finit sa vie très respecté chez lui, pour avoir ainsi bourlingué, Ulysse est un héros que l’on célèbre depuis des millénaires. Mais, si Pénélope prenait le large, en serait-il de même ?

L’Odyssée, c’est une histoire d’hommes. La position de la femme dans cette œuvre magistrale ne me fait pas plaisir. Pénélope attend son mari Ulysse qui a des aventures et d’autres femmes. J’ai renversé tout ça. Pénélope part, Otto reste. La fille grandit sans sa mère.

Judith Vanistandael

Mère active et père tranquille

L’autrice ne juge pas, elle raconte ce difficile retour de Pénélope sous le regard de la fille, de la mère et de la sœur. Et d’un homme, le seul de cette histoire : le mari de Pénélope, doux, calme, et attentionné.

Je l’adore ! Je l’ai fait parfait pour que Pénélope n’ait pas de raison de quitter sa famille.

Judith Vanistandael

Si Judith Vanistandael porte des sujets lourds, elle le fait avec légèreté. Son pinceau pose des aquarelles très mouillées, des couleurs de bois et de peau, pour accompagner des lumières de feu de cheminée.

Les deux vies de Pénélope aux éditions du Lombard.

INFO MANGA (FRANCEINFO)

Tous les 15 jours, Jean-Christophe Ogier accueille ici la chronique "Info manga" de Lætitia de Germon de la rédaction de franceinfo.fr. Pour vous guider parmi les nombreuses parutions, Lætitia vous livre sa sélection et ses coups de cœur.

Natsuko no sake, de Akira Oze, chez Vega

Natsuko no sake (© 2016 Akira OZE by Kodansha Ltd. / Vega)

Il n'est pas toujours facile pour une femme de s'imposer dans un milieu professionnel dominé par les hommes. C'est ce que va tenter de faire Natsuko, héritière d'un brasseur de saké. Elle va abandonner sa carrière de publicitaire à Tokyo pour se lancer dans la production artisanale de saké avec une variété de riz inhabituelle que son frère a toujours voulu cultiver.

Paru dans les années 1990, formidable succès maintes fois réédité au Japon, Natsukuo no sake captive autant par son discours sur le rôle de la femme au sein de la société japonaise que par sa vision de l'industrie du saké. Dans ce premier tome, on découvre peu à peu comment se fabrique les saké. Ce manga est à la fois didactique, profondément humain et très actuel, même s'il fait référence à la société japonaise des années 80.

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