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BD bande dessinée. Robot blues

En réveillant les robots géants sur fond de guerre d'Algérie, la fine fleur de la scène BD nantaise se lance dans une aventure de 600 pages et réussit la synthèse de la BD grand public et de la bande dessinée d'auteur.

Article rédigé par franceinfo, Jean-Christophe Ogier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
QUAND LE ROBOT SE REVEILLERA... (HERVE TANQUERELLE, FRED BLANCHARD / DUPUIS)

C’est une histoire qui commence aujourd’hui dans le sud algérien et la banlieue de Nantes. Elle se poursuivra quelque temps plus tard en Inde, dans les décharges où atterrissent les épaves rouillées de l’industrie occidentale.

Une douce uchronie

Entre-temps, nous aurons compris que ce qui est raconté là trouve son origine au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, quand on inventa les premiers robots nucléaires géants. Puis, quand Michel Debré succéda au Général de Gaulle à la tête du pays, en 1963. Debré ? Vraiment ? Des robots, où ça ? Le récit est si ancré dans les sables du Sahara, le bitume des quartiers, la boue des chantiers, que découvrir que le passé ne s’est pas passé comme on le sait, arrive tranquillement. On appelle ça une douce uchronie. Et on y croit.

C’est un pas de côté qui nous permet d’aborder avec distance des événements comme la guerre d’Algérie et de revenir sur les Trente glorieuses, qui n’étaient pas si glorieuses que ça.

Le coscénariste Fabien Vehlmann

Un polar mélancolique

Dans Le dernier Atlas, le polar mélancolique se mêle à la science-fiction géopolitique, mais la crédibilité l’emporte sur l’imagination. On croise des bandes de caïds à la petite semaine et des mafias internationales, avec pour enjeu l’avenir du monde, pas moins. Le dessin réaliste réussit à marier la grande aventure et les fêlures intimes, l’émotion et le mystère.

Pour preuve, les deux personnages principaux : Ismaël, nantais pur beur, gueule et physique méditerranéens avec de faux airs du héros XIII, et qui entre deux coups durs prend une pause lascive, le vague à l’âme. Et la journaliste Françoise Halfort, quinquagénaire baroudeuse, qui n’a pas froid aux yeux, mais qui se retrouve toute émue de tomber enceinte à son âge.

Je trouvais génial de dessiner une femme à la cinquantaine gironde, qui s’assume comme telle, avec un physique de loukoum.

Le dessinateur Hervé Tanquerelle

Pour signer cette BD fleuve qui comptera trois volumes de 200 pages chacun, ils se sont mis à cinq : Fabien Vehlmann et Gwen de Bonneval au scénario, Hervé Tanquerelle et Fred Blanchard au dessin, et la coloriste Laurence Croix.

Le Dernier Atlas, aux éditions Dupuis.

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