BD bande dessinée. La transformation de Ludovic Debeurme
Jean-Chrisophe Ogier nous invite à découvir des adolescents mutants. Ceux-là sont nés sous le crayon de Ludovic Debeurme. Cette inquiétante histoire a pour titre "Epiphania".
Tous les adolescents sont des mutants. Ceux de la trilogie Epiphania, signée Ludovic Debeurme, le sont encore plus que les autres. Ils sont les acteurs d'une fable psychologique et politique qui hésite entre la terreur et l'espoir.
Le jeune homme et la terre
Ludovic Debeurme écrit et dessine des histoires troublantes, dérangeantes. Il revient sans cesse sur les névroses enfantines nourries de la violence des adultes. Surprise. Sans déroger à ses thèmes de prédilection, sa nouvelle histoire, Epiphania, trilogie en cours, se révèle de ce point de vue plus douce.
Le point de départ de l’histoire, c’est mon regard de père, toute la douceur que j’ai pu porter sur mon enfant. Ensuite, pour la première fois, je prends la parole sur des thèmes plus politiques, géopolitiques, économiques, écologiques.
Ludovic Debeurme
Dans Epiphania, la terre maltraitée enfante d’elle-même une nouvelle espèce hybride. Ces filles et ces garçons différents, à la naissance spontanée, sortent de terre comme des choux. Mi-hommes, mi-bêtes, ils deviennent des adolescents rejetés, gagnés par le nihilisme, sensibles aux thèses obscurantistes, rongés par la pulsion de mort ; bref, des monstres.
J’ai exploré de nombreuses facettes du monstre, de la chimère d’Epiphania au monstre qu’on a à l’intérieur de soi, avec lequel il faut composer toute sa vie.
Ludovic Debeurme
Devant la rébellion des Epiphanians, on peut spontanément penser aux jeunes sans avenir, prêts à suivre le premier gourou ou prédicateur venu qui appelle au djihad, mais aussi aux migrants qui frappent à nos portes. Ou plus simplement à n’importe quel adolescent, être hybride, en transformation, porteur et acteur d’un monde éternellement nouveau.
Deux volumes d’Epiphania par Ludovic Debeurme sont déjà parus aux éditions Casterman.
Un Homme est mort, du livre à l'écran
Mercredi 13 juin, Arte propose le film d’animation Un Homme est mort, d’après le livre de Kris et Davodeau, relatant la répression de la grande grève de 1950 dans Brest en reconstruction. Le scénariste et le dessinateur ont été associés à l’adaptation réalisée par Olivier Cossu.
Rappel : Un Homme est mort fut en 2007 prix franceinfo de la bande dessinée d’actualité et de reportage.
Tous les 15 jours, Jean-Christophe Ogier accueille ici la chronique "Info manga" de Laetitia de Germon de la rédaction de franceinfo.fr. Pour vous guider parmi les nombreuses parutions, Laetitia vous livre sa sélection et ses coups de cœur.
Juice, d'Art Jeeno, chez Cà et Là
Art Jeeno est l'un des dessinateurs de bande dessinée thaïlandaise les plus connus.Il est très suivi sur son blog, Instagram et Facebook (150 000 abonnés). Il a remporté de nombreux prix, dont le Bronze Award aux International Manga Awards de 2014 pour sa série Juice. Plusieurs expositions ont été consacrées à son travail.
Dans Juice, premier volume d'une trilogie publiée aux éditions Cà et Là, il est question du quotidien d'adolescents thaïlandais. Certains sont obnubilés par les filles et d'autres cherchent à échapper à l’ennui à travers la musique occidentale. Les tons majoritairement pastel et les dessins à l'aquarelle donnent une atmosphère presque nostalgique à ce manga qui pourtant ne l'est pas. Avec son découpage dynamique et ses personnages expressifs, l'auteur arrive à retranscrire l'ardeur de ces adolescents et leurs préoccupations.
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