Cet article date de plus de deux ans.

BD, bande dessinée. Châteauroux forever

Et si la mondialisation avait choisi la capitale du Berry comme "hub" européen ? Ça a failli se faire. Le dessinateur David Prudhomme tient la chronique un peu nostalgique du coin de campagne qui l'a vu grandir, en périphérie de la préfecture de l'Indre. 

Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
...ET LE CALME SUR TERRE (DAVID PRUDHOMME, FUTUROPOLIS)

David Prudhomme a grandi à Châteauroux. Il y retourne régulièrement pour voir sa famille, prendre des nouvelles de voisins et observer comment ce coin de France a tenté de rester dans le coup de la mondialisation. 

Pour l'amour de Grangeroux

La famille de Prudhomme a fait construire, au début des années 1980, une maison à Grangeroux, en bordure de Châteauroux. Elle y a posé fondations et valises au milieu des champs. Le paysage est devenu quartier pavillonnaire entre la rocade et la base aérienne.

Celle que les Américains avaient construite au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, et que les Chinois ont failli récupérer pour en faire une plateforme d’import-export garnie d’usines. On a espéré 4 000 emplois, il n’y en eut que trois et le rêve de Châteauroux, chef-lieu de la mondialisation économique, est passé.

"C’est le lieu, le personnage de l’histoire. Des champs, la nationale 20, une ligne d’horizon et quelques bosquets. Un lieu où on ne s’arrête pas, sauf en cas de panne, petite faim ou envie pressante."

David Prudhomme

Prudhomme se souvient, Prudhomme se promène

Il donne un coup de main au jardin et prend toujours autant de plaisir à lire "la Nounou", la Nouvelle République, le quotidien régional dont les informations rythment les saisons, les années et les pages de ce livre. Avec ses dessins un peu gris, très légers, Prudhomme raconte tout ça en douceur, l’air de rien. 

"C’est ce qui m’a aussi intéressé : le fait qu’a priori, il n’y ait aucun intérêt à se poser là pour faire 200 pages."

David Prudhomme

À l’en croire, Châteauroux n’a pas fini de bégayer son histoire. Une image s’impose : celle des avions gros porteurs qui utilisent désormais la base aérienne pour faire des essais d’atterrissage et de redécollage. Sans vraiment jamais s’y poser. Une illusion, une désillusion, une frustration, une manière de regarder, vue d’en haut, la France impuissante des ronds-points. Et de lui dire aussi qu’il l’aime beaucoup.

Du bruit dans le ciel, de David Prudhomme est édité chez Futuropolis. 

INFO MANGA (FRANCEINFO)

Tous les 15 jours, Jean-Christophe Ogier accueille ici la chronique "Info manga" de Lætitia de Germon de la rédaction de franceinfo.fr. Pour vous guider parmi les nombreuses parutions, Lætitia vous livre sa sélection et ses coups de cœur.

Les Brumes écarlates, de Wu Qingsong, chez Glénat

Les brumes écarlates (© 2019 Qingsong Wu French translation edition published by arrangement with Post Wave Publishing Company through Beijing Dakai B / Glénat)

Mêlant fantasy et folklore chinois, Les brumes écarlates nous entraînent dans une guerre des territoires où les rivalités, les alliances, les trahisons et les mystères ne manquent pas. Une très belle épopée.

"Il y a trois siècles, les brumes écarlates apparurent, émergeant du néant. Elles apportèrent mort, destruction, et l’humanité fut sur le point de disparaître. Pourtant, de petits groupes de survivants émigrèrent tant bien que mal sur les cimes des montagnes, là où la brume ne pouvait les atteindre.

Ainsi, des familles parvinrent à s’établir et, au fil des années, à prospérer… Le temps passa, les brumes restèrent invaincues et leur origine inconnue, mais les jeux humains se poursuivirent. Aujourd’hui, rivalités, alliances et trahisons dirigent Qingpiu, Tieliu et Danzhu, les trois royaumes qui composent le monde."

Les dessins sont magnifiques, entre manga et estampe. Détaillés et rythmés, ils collent parfaitement à l'ambiance. Très sombres dans les moments intenses, ils prennent aussi parfois des teintes pastel, le tout dans un style aquarelle. Le papier glacé épais met en valeur cette colorisation.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.