Le phénomène des grandes marées de retour pour ce weekend pascal
Du 17 au 19 avril, des coefficients de marée s’élevant de 100 à 103 sont attendus sur le littoral atlantique. Décryptage avec Emmanuel Bocrie, prévisionniste à Météo France, et responsable de l'unité média.
Si vous vous trouvez sur la côte atlantique ce week-end, vous pourrez observer ce phénomène qui va se poursuivre jusqu'à mercredi. On annonce un coefficient de 103, ce qui promet un beau spectacle.
Les marées ont été observées depuis très longtemps
300 ans avant Jésus-Christ, l'astronome grec Pythéas, considéré comme l'un des plus anciens explorateurs scientifiques, avait déjà constaté un lien entre la Lune et la hauteur des marées. A la fin du XVIIe siècle, Ie mathématicien, physicien et philosophe britannique Isaac Newton a découvert la théorie de la gravitation et le phénomène des grandes marées s'est considérablement éclairci.
"Les marées sont intimement liées à la gravité", explique Emmanuel Bocrie. Les grandes marées sont dues à l'attraction de la Lune et du Soleil sur les étendues marines de la Terre. La Lune est certes plus petite que le Soleil mais elle est beaucoup plus proche, et on estime que sa force d'attraction est deux fois plus importante. La Lune et le Soleil attirent les masses d'eau qui se déplacent au sein des océans, "un bourrelet d'eau qui entraîne une alternance entre marée haute et marée basse", explique Emmanuel Bocrie.
Le relief des océans n'est pas le même partout, il y a des zones de hauts fonds, de bas fonds, ce qui fait que l'amplitude des marées est différente d'un endroit à l'autre.
Sur les côtes atlantiques et celles de la Manche, le phénomène des marées est très sensible mais elles seront différentes, de la pointe Bretagne aux côtes du Pays basque. En Méditerranée, les marées existent mais elles sont toutes petites car la masse d'eau est moindre.
Comprendre le phénomène des grandes marées
L'alternance entre marée basse et marée haute a lieu toutes les 6 heures. Un phénomène qui s'explique par la rotation de la Lune autour de la Terre.
"On a deux marées basses et deux marées hautes en un peu plus de 24h50."
Emmanuel Bocrieà franceinfo
Pour avoir un grand coefficient de marée (sur une échelle comprise entre 20 et 120), il faut que la Lune, la Terre et le Soleil soient alignés. Le phénomène se manifeste donc à des moments différents selon la rotation de la Terre.
Ces grandes marées sont plus ou moins importantes selon les positions respectives de la Lune et du Soleil par rapport à la Terre. Quand les trois sont parfaitement alignés, la force d'attraction sur les océans est maximale, ce qui accentue les coefficients de marées. La différence de hauteur entre la marée haute et la marée basse s'appelle le "marnage" et il peut varier très sensiblement selon l'endroit où l'on se trouve.
Sur la côte méditerranéenne, on peut enregistrer des valeurs de marnage de 20 ou 30 centimètres, mais dans la baie du Mont-Saint-Michel, on a enregistré un record à 15 mètres 90, soit l'équivalent d'un immeuble de 4 à 5 étages. Le record absolu au monde a été observé au Canada dans la baie de Fundy, sur la côte atlantique du Canada, à l'extrémité nord du golfe du Maine, entre les provinces du New-Brunswick et de la Nouvelle-Écosse. Cette baie, qui mesure 270km de long pour 80km de large environ, a une forme particulière, ce qui amplifie le phénomène des marées.
Un record a même été établi à 21 mètres 60, dans la nuit du 4 au 5 octobre 1869, lorsque la tempête tropicale Saxby Gale avait sévi avec des rafales soufflant jusqu'à 165 km/h.
De manière générale, les coefficients de marée sont calculés à partir de la marée de Brest. Au-dessus de 70, on considère que l'on est dans un phénomène de "vives eaux", explique Emmanuel Bocrie, autrement dit un phénomène de grande marée.
"Le coefficient de 103 que l'on pourra observer ce week-end et dans les prochains jours est tout à fait significatif", assure le prévisionniste de Météo France.
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