James Bond est bien mort

Cinq mois après sa sortie au cinéma, et malgré les critiques
dithyrambiques et son milliard de dollars de recettes, le film à grand
spectacle, Skyfall , le 23e de la saga des James Bond ne passe
pas l'examen de contrôle que constitue sa commercialisation en DVD. Comme on
l'avait bien vu sur grand écran, Skyfall est certes un bon thriller, un
blockbuster dont le premier quart d'heure notamment est carrément bluffant et
dont la bande sonore flatte les esgourdes les plus blasées. Mais pour le reste,
la déception encaissée dans les salles obscures se confirme sur l'écran plat de
nos salons.

Skyfall, c'est Canada dry. Ca ressemble à James Bond, ça a
le gout de James Bond, mais ce n'est pas ou plus un James Bond. Le pauvre
Daniel Craig, transformé en "has been" alcoolique en arrive à nous
faire regretter les plus mauvais de ses prédécesseurs dans le rôle titre, y
compris Timothy Dalton. L'encore plus pauvre Javier Bardem, (formidable acteur
pourtant) obtient là son rôle le plus ridicule, en méchant peroxydé qui ne ferait
même pas peur à des moutards du primaire. Les femmes sont de moins en moins
glamour. Le sexe quasi inexistant. Le suspense digne d'un épisode de Julie
Lescaut première période et les décors sont glauques, sales, crépusculaires.

Oui, avouons-le on regrette les James Bond girls, les filles
vénéneuses et plantureuses, les smokings et les bikinis bien gonflés, les
casinos luxueux, l'humour pervers et les gadgets délirants réduits ici à la
portion congrue. Le metteur en scène Sam Mendès déclare qu'il ne veut pas
tourner le prochain épisode de la saga. Puisse-t-il tenir parole.