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Benoît Hamon : "En 2017, j'ai appelé à voter Emmanuel Macron, j'ai été cocufié" par Gérald Darmanin après son débat avec Marine Le Pen

L'ancien candidat à la présidentielle Benoit Hamon réagit après le débat jeudi opposant Gérald Darminin et Marine Le Pen.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Benoît Hamon, conseiller régional d'Île-de-France et fondateur du mouvement Génération.s, invité de franceinfo le 14 septembre 2020 (RADIO FRANCE)

Sur franceinfo Benoît Hamon s'est estimé "volé, cocufié" par Gérald Darmanin qui regrettait lors d'un débat avec Marine Le Pen sur France 2 que la présidente du Rassemblement national soit "trop molle" sur la question de l'islam et du séparatisme.

L'ancien candidat à la présidentielle poursuit : "Un soir d'avril 2017 j'ai appelé sans hésiter une seconde à voter Emmanuel Macron pour empêcher Marine Le Pen de diriger ce pays. J'ai 4 ans plus tard un ministre de l'Intérieur qui vient dire à Marine Le Pen 'je regrette que vous soyez plus molle que moi et Emmanuel Macron'".

"Je ne regrette pas d'avoir fait barrage à l'extrême droite", détaille Benoît Hamon "mais comme beaucoup d'autres j'ai été volé, cocufié en direct par un ministre de l'Intérieur qui dit cela".

"Indiscutablement, quelque chose a changé"

Selon Benoît Hamon on n'a pas "tous mesuré pour ceux qui l'ont vu", les conséquences de ce débat. "Ce qu'il s'est passé", c'est "qu'un ministre de l'Intérieur, d'un pouvoir dit libéral sur le plan politique dont le président de la République a été élu en appelant à faire barrage à l'extrême droite, a sollicité le vote de l'extrême droite, sur un texte qui concerne le séparatisme qui suscite beaucoup de débats, un texte qui stigmatise principalement les populations musulmanes en France".

"Il fut un temps dans la République où un républicain s'honorait de ne jamais demander sur le fond le vote de l'extrême droite. C'était presque un principe sacré" et "on s'est retrouvé dans un moment où ce ministre de l'Intérieur a reproché sur l'immigration, l'islam, à Marine Le Pen d'être trop molle, trop molle, trop molle", a déploré Benoît Hamon.

Selon Benoît Hamon, "indiscutablement, quelque chose a changé. Il y a énormément de gens qui se penchent aujourd'hui le moment dans lequel nous sommes. Je pense que nous sommes très près de ce moment qu'on a caractérisé comme le trumpisme aux Etats-Unis".

"Une situation de type pré-fasciste en France"

A l'image de ce qui s'est passé avec Donald Trump aux Etats-Unis, en France aussi on vit avec ce débat un "moment où les faits n'ont plus aucune importance, où peu importe la vérité. L'essentiel, ce sont mes préjugés et le fait que j'impose mes préjugés comme le cadre à l'intérieur duquel tout le monde doit vivre", a-t-il critiqué.

"Je suppose que nous en sommes là, je pense que les faits sont en train de disparaître derrière des représentations, des imaginaires qui sont les imaginaires qui se fondent tous sur la peur".

"Je ne me sens pas représenté par ces gens. Mais je crois qu'aujourd'hui, hélas, le consensus s'est fabriqué contre les musulmans dans ce pays et il s'est fabriqué en direct à travers la parole de Gérald Darmanin, l'acquiescement de Marine Le Pen" ce constat amène Benoît Hamon à penser que "nous sommes dans une situation de type pré-fasciste en France".

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