Vidéo "C'est surréaliste" : le policier nommé à la tête d'une nouvelle unité de lutte contre les violences intrafamiliales était à l'époque lui-même accusé de violences

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"C'est surréaliste" : le policier nommé à la tête de la nouvelle unité contre les violences interfamiliales était lui-même accusé de violences
"C'est surréaliste" : le policier nommé à la tête de la nouvelle unité contre les violences interfamiliales était lui-même accusé de violences "C'est surréaliste" : le policier nommé à la tête de la nouvelle unité contre les violences interfamiliales était lui-même accusé de violences (COMPLÉMENT D'ENQUÊTE/FRANCE 2)
Article rédigé par France 2
France Télévisions
Un fonctionnaire de police mis en cause pour des faits de violence est-il légitime pour diriger un groupe de lutte contre les violences intrafamiliales ? Ni son ex-conjointe ni son avocate ne comprennent comment une telle nomination a été possible. Elles réagissent dans cet extrait de "Complément d'enquête".

"Incompréhension, révolte, sentiment d'impuissance" : tous ces sentiments mêlés, c'est ce qu'a éprouvé l'ex-compagne d'un gendarme en ouvrant le journal, le 22 février 2023. En pleine page, un article annonce la création d'une nouvelle unité dédiée aux violences intrafamiliales. L'adjudant-chef nommé à sa tête apparaît en photo, entouré de son équipe. Pour son ex-épouse, c'est le choc.

"Etre à ce poste-là alors qu'il est lui-même auteur de violences… Je me demande (s'il) sera assez objectif pour traiter les faits en étant neutre."

L'ex-compagne d'un gendarme

à "Complément d'enquête"

Cette mère de famille accuse son ex-conjoint de violences sur sa fille et de harcèlement à son égard. Elle a déposé une première plainte en 2020, qu'il lui a, selon elle, "ordonné de retirer sous peine de vengeance". Une vengeance qu'elle dit subir sous forme d'échanges "indimidants, irrespectueux, diffamatoires, méprisants et incessants". 

Près de deux ans après, elle a alerté la hiérarchie du gendarme de ce contexte conflictuel. Elle explique avoir été recontactée par le second qui commandait le groupement. Il lui a affirmé, selon elle, "qu'il n'était absolument pas au courant, au bout d'un an et demi, d'une plainte déposée à l'encontre d'un de ses hommes". Le gendarme, lui, a été prévenu de ses courriers par l'un de ses supérieurs, et il a porté plainte à son tour contre son ancienne conjointe, pour harcèlement et diffamation.

Comment ce gendarme alors accusé de faits de violence a-t-il pu être nommé à ce poste ?

Pour l'avocate de l'ex-conjointe, sachant qu'"il y a une plainte pour des violences sur mineur, qui a été classée sans suite mais qui existe, et une plainte pour harcèlement en cours de traitement", sa nomination à la tête de la nouvelle unité dédiée à la lutte contre les violences intrafamiliales est incompréhensible.

"Pour moi, c'est surréaliste que cette personne, pendant la procédure pénale et l'enquête pénale, soit nommée à ce poste-là. Je ne comprends pas. Je ne comprends même pas comment c'est possible, en réalité."

L'avocate de l'ex-conjointe

à "Complément d'enquête"

Pour tenter d'en savoir plus, la journaliste de "Complément d'enquête" se rend alors dans la brigade de ce gendarme, en caméra discrète... et tombe nez à nez avec lui.

Très à l'aise, le gendarme se dit "référent sur cette thématique (des violences pas seulement conjugales, mais plus largement intrafamiliales) depuis trois, quatre ans". Un sujet qu'il affirme connaître "en long, en large et en diagonale". Interrogé sur les plaintes dont il fait l'objet, il ne fera "pas de commentaires". Lui estime n'avoir "rien à se reprocher" ; son commandant, qui arrive peu après, ne dira rien de plus.

Après ce tournage, l’ex-compagne apprendra le classement sans suite des plaintes déposées. Sollicitée à de nombreuses reprises, la Gendarmerie a indiqué à "Complément d’enquête" que le fonctionnaire n’était désormais plus en charge de cette unité.

Extrait de "Violences conjugales : quand l'agresseur porte l'uniforme", un document diffusé dans "Complément d'enquête" le 23 novembre 2023.

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