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Privé de réserve parlementaire, le député LR Julien Dive reversera une partie de ses indemnités à des associations

Il compte ainsi protester contre la supression de la réserve parlementaire, une enveloppe de 130 000 euros par parlementaire qui permettait aux députés d'attribuer des subventions. "Je mettrai tous les mois 200 à 400 euros de côté" afin de les reverser", explique-t-il à franceinfo. 

Article rédigé par franceinfo - Propos recueillis par Hugo Cailloux
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Le député (LR) de l'Aisne Julien Dive ici le 19 juin 2017 à l'Assemblée nationale, à Paris. (THOMAS SAMSON / AFP)

Il donnera lui-même l'argent. Le député de l'Aisne Julien Dive (Les Républicains) a annoncé qu'il consacrerait une partie de son indemnité parlementaire à aider des associations, rapporte Le Lab, mardi 1er aout.

Il compte ainsi protester contre la suppression de la réserve parlementaire, comprise dans le projet de loi de moralisation de la vie politique, votée samedi 29 juillet à l'Assemblée. L'utilisation de cette enveloppe de 130 000 euros par député et sénateur était jugée "clientéliste" par ses détracteurs. Mais le député de l'Aisne estime que cette décision va nuire à de nombreuses associations, comme il l'a expliqué à franceinfo.

franceinfo : Pourquoi avez-vous décidé de reverser une partie de votre indemnité parlementaire à des associations ? 

Toutes les associations sont vitales pour faire vivre nos quartiers de ville et nos villages. Je mettrai tous les mois 200 à 400 euros de côté pour financer des projets utiles pour ma circonscription. Il y a une association à Saint-Quentin (Aisne) qui accompagne les enfants déscolarisés dans la lecture. Elle m'a sollicité. Les besoins sont nombreux. Par exemple, un défibrillateur coûte 1 500 euros. Je sais que mon aide ne compensera pas la suppression de la réserve parlementaire, mais je veux montrer la voie : nous devons aider nos associations. J'encourage tous mes collègues à faire de même.

J'ai été maire, et j'ai pu mesurer l'apport de la réserve parlementaire dans les associations des villages ruraux qui cherchent à joindre les deux bouts pour financer leurs projets. Un tiers des projets portés dans ma circonscription concernaient de l'aménagement pour les personnes à mobilité réduite. Qui va s'en charger maintenant ? Le groupe de La République en marche doit assumer les conséquences. Cette suppression sera compensée par les particuliers, qui devront payer de leur poche certains services.

Le conseil régional d'Auvergne-Rhône-Alpes (Les Républicains) a supprimé plusieurs millions d'euros de subventions aux associations. Vous voulez faire le chemin inverse. Quelle position avez-vous au sein de votre groupe ?

Je ne l'aurais pas fait, et observez que dans les Hauts-de-France, une telle décision n'a pas eu lieu. Maintenant, chacun prend ses responsabilités. J'assume ma position, et j'invite tous mes collègues à voter non pas en fonction des consignes de vote, mais de leurs convictions. J'ai entendu, en commission et dans les couloirs, de nombreux députés de la majorité dire leur opposition à cette suppression de la réserve parlementaire. Pour l'instant, ils votent comme on leur a demandé, mais combien de fois encore ? Quand vont-ils enfin défendre leurs valeurs ?

Que répondez-vous aux accusations de clientélisme envers cette réserve ?

Pendant les débats, il y a eu d'un côté les nouveaux députés de la majorité, qui ne connaissent pas le système d'attribution de la réserve parlementaire, et de l'autre ceux qui ont une expérience, et qui savent que c'est déjà transparent, et très contrôlé. Par exemple, chaque dotation est contrôlée par le ministère concerné : une subvention pour une association culturelle devait avoir l'aval du ministère de la Culture. Les accusations de clientélisme ne tiennent pas : dans ma circonscription, je réunissais tous les élus afin de voir avec eux à quel projet j'allais accorder les crédits. Tout était transparent.

Quand on a un outil qui existe et qui fonctionne, on ne le supprime pas de manière sèche, pour faire des économies. Aujourd'hui, le Sénat fait un bras de fer avec l'Assemblée. La commission mixte paritaire pourrait réfléchir à un outil pour compenser cette suppression. Le groupe En marche ! à l'Assemblée n'en voulait pas.

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