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Pourquoi les candidats n'évoquent pas leurs origines parisiennes ?

Dimanche 15 avril, François Hollande et Nicolas Sarkozy se disputeront le pavé parisien. Presque tous les candidats ont un lien avec la capitale mails ils ne le mettent pas en avant. Est-il honteux pour un candidat de s'affirmer parisien ?
Article rédigé par Daïc Audouit
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Place de l'opéra (PIERRE VERDY / AFP)

Dimanche 15 avril, François Hollande et Nicolas Sarkozy se disputeront le pavé parisien. Presque tous les candidats ont un lien avec la capitale mails ils ne le mettent pas en avant. Est-il honteux pour un candidat de s'affirmer parisien ?

La scène se déroule lors d'une réunion du Club Genération France de Jean-François Copé à Paris.

"Microcosme parisien"

Un élu UMP de la capitale demande à un collaborateur du patron de l'UMP de lui faire passer un message : arrêter de parler du microcosme parisien, trop stigmatisant pour les habitants de la capitale. Cet élu préconise d'utiliser le terme de Saint Germain des Prés.

Réponse du collaborateur de JFC: "Saint Germain des Prés, personne ne connait, personne ne va comprendre".

Bref, si Paris c'est la France, la France n'est pas Paris. Les candidats l'ont bien compris qui associent volontiers la capitale à un discours anti élite.

A Paris, vivrait donc un cercle de bien-pensants ignorant des réalités du pays réel. Les fameux "bobos" stigmatisés entre autres par Marine Le Pen.

Sur les affiches de campagne, vous ne verrez jamais en arrière-plan un paysage urbain ou tout simplement une Tour Eiffel. Cela ne ferait pas vraie France.

Car c'est un cliché associé aux candidats à l'élection présidendielle. Ils doivent puiser aux racines profondes du terroir. Une image d'église évoquera toujours mieux l'ancrage dans le passé qu'une barre HLM.

Leur CV géographique

Pourtant la plupart des candidats ont un lien avec Paris et l'Ile de France. Soit dans leur vie personnelle, soit dans leur vie politique.

Nicolas Sarkozy y a toujours vécu. Il a été maire de Neuilly et président du conseil genéral des Hauts de Seine. Nicolas Dupont-Aignan y est né et il est député maire d'Yerres, ville de l'Essonne.

Nicolas Dupont-Aignan à sa mairie d'Yerres en 2006 (BERTRAND GUAY / AFP)

C'est aussi dans ce département que Jean-Luc Mélenchon a été sénateur et élu de la commune de Massy. Il habite aujourd'hui Paris.

Marine Le Pen habite à Saint-Cloud et entre deux allers-retours électoraux dans le Nord, a été conseillère régionale d'Ile de France de 2004 à 2010.

Voilà pour les mandats électifs.

Mais, François Hollande est arrivé adolescent à Neuilly. Il a habité Boulogne et aujourd'hui Paris.

Eva Joly, au cours de ses multiples aventures professionnelles a successivement résidé dans la capitale ou en banlieue.

Philippe Poutou a fait le trajet inverse. Né en région parisienne, il s'est établi ensuite dans le Sud-Ouest. Nathalie Arthaud, originaire de la région Lyonnaise, s'est établi depuis peu en Seine-Saint-Denis. Elle enseigne à Aubervilliers où elle sera candidate aux législatives.

François Bayrou est le seul à mettre en avant des origines provinciales. Il possède néanmoins un pied-à-terre dans la capitale. Et il aime se promener le matin dans les rues de Paris en discutant avec un ami des problèmes du monde.

Un électeur sur 7

Bref, pour chacun d'entre eux, la région parisienne a façonné une part de ce qu'ils sont. Mais il n'en font jamais état, comme s'ils avaient peur de subir les foudres de la province.

Pourtant Paris, et au sens large l'Ile de France, réprésentent un électeur sur 7, avec un peu moins de 7 millions d'inscrits sur les listes électorales. Ce territoire n'est pas à négliger électoralement.

En fin de campagne, les déplacements en Ile de France se multiplient. Ils sont plus facilement conciliables avec l'agenda médiatique surchargé des deux dernières semaines d'égalité des temps de parole.

Mais, il s'agit surtout d'évoquer les questions de banlieue qui ne peuvent résumer à elles seules la spécificité de l' Ile de France.

Dimanche, MM. Hollande et Sarkozy seront heureux de voir arriver leurs troupes franciliennes à la Concorde ou à Vincennes pour gonfler les statistiques. Mais il est peu probable qu'ils évoqueront leur destin "d'enfants du pays".

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