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Pour les éditorialistes de la presse quotidienne, le premier tour marque un rejet de l'action de Nicolas Sarkozy

Dans le même temps, les journaux s'inquiètent de la forte abstention et du retour de l'extrême droite.
Article rédigé par Laurent Ribadeau Dumas
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  (France 2)

Dans le même temps, les journaux s'inquiètent de la forte abstention et du retour de l'extrême droite.

Dans Le Figaro, Etienne Mougeotte concède "un revers pour l'UMP, une satisfaction pour le PS et un espoir pour les Verts. Il juge néanmoins que l'abstention élevée montre que "les Français, éprouvés par la plus grave crise économique depuis 80 ans, n'ont pas massivement cautionné le référendum anti-Sarkozy souhaité par la gauche". "Waterloo ? Sedan ? Azincourt ? La Bérézina ? On hésite... En tout état de cause, la droite française vient de réaliser une des pires performances de son histoire", analyse Laurent Joffrin dans Libération.

Pour Le Monde, c'est "au mieux un avertissement (de la part des électeurs de droite), au pire une sanction (de la part de ceux de l'opposition), qui a été adressé au président de la République. "

De son côté, L'Humanité, par la plume de Patrick Apel-Muller, évoque "un désaveu et une sanction" pour Nicolas Sarkozy. Cependant, l'abstention, "si elle accuse la droite, interpelle aussi la gauche", estime l'éditorialiste du journal communiste.

Dans La Croix, François Ernenwein déplore également que les abstentionnistes soient "le plus grand parti de France". Comme nombre de ses confrères, Gérard Carreyrou juge dans France Soir que pour l'UMP, "il n'est pas sûr que la stratégie de la liste unique au premier tour ait été la bonne".

Dans tous les cas, l'abstention "traduit une défiance profonde à l'égard du pouvoir politique, quelle que soit sa couleur (...). Ce fut une élection de rejet, pas de projet", constate Jean-Francis Pécresse dans Les Echos. Et ce rejet a permis "un retour tonitruant du Front national", se désole dans La Tribune Erik Izraelewicz, qui met en garde le PS contre tout triomphalisme, car le résultat électoral est "aussi un désaveu" pour les socialistes.

Olivier Picard (Dernières Nouvelles d'Alsace) appelle "les dirigeants de l'UMP" à "un examen de conscience auquel, hier soir, ils se sont obstinément refusés", et les exhorte à "une humilité opiniâtre", "une sorte d'anti-blingbling".

Francis Brochet, du Progrès de Lyon, raille "la chasse (...) contre l'abstentionniste, ce pelé, ce galeux, ce fainéant, ce paresseux". "Comme ça, le suspense reste entier pour dimanche prochain: imaginez que nous choisissions, cette fois, de nous déplacer...", ajoute l'éditorialiste du quoitidien lyonnais.

Pourtant, cette abstention laisse "une sacrée gueule de bois" à la démocratie, déplore Philippe Palat dans Le Midi Libre. L'analyste y voit un symptôme de "la lancinante décrédibilisation de la classe politique qui, manoeuvrière et individualiste, n'en finit plus de décevoir".

"Désaveu pour la majorité" et "échec personnel pour Nicolas Sarkozy" (Le Télégramme), "claque infligée à Nicolas Sarkozy" (L'Est-Eclair), "bérézina" (Libération Champagne), la presse régionale n'est pas tendre avec le chef de l'Etat et l'UMP. Daniel Ruiz, dans La Montagne, extrapole même: "en l'état actuel des résultats, et vu la cote de son Premier ministre, Nicolas Sarkozy n'est plus forcément le meilleur candidat de la droite en 2012". Tandis qu'à gauche, le prochain candidat présidentiel du PS semble prendre "des traits ressemblant à s'y méprendre à ceux de Martine Aubry", juge Philippe Waucampt (Le Républicain Lorrain).

Au final, "l'UMP ne se fait pas d'illusions pour dimanche" prochain, estime Michel Urvoy (Ouest-France), "faute de réserves" de voix, dévorées par l'abstention et le retour du FN. Ce qui fait dire à Bruno Bécard, dans La Nouvelle République, que "Nicolas Sarkozy aurait été mieux inspiré d'insister sur le pouvoir d'achat et l'emploi plutôt que sur l'identité nationale".

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