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François Fillon vu par ses proches : "Contrairement à ce qu’on peut penser, ce n’est pas un second, c’est un premier"

A Sablé-sur-Sarthe, on a voté dimanche à 95% pour François Fillon. Il faut dire qu'ici, on a toujours cru en l'enfant du pays. En celui qui a été maire de la ville, conseiller général, régional, député et sénateur de la Sarthe.

Article rédigé par Alice Serrano, Cécile Mimaut
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Marc Joulaud, actuel maire de Sablé-sur-Sarthe et ami de 25 ans de François Fillon (ALICE SERRANO / RADIO FRANCE)

Il y a un mois, François Fillon était à 10% dans les sondages. Avec plus de 66% des suffrages au second tour de la primaire dimanche 27 novembre, il est aujourd'hui le candidat incontestable de la droite pour l'élection présidentielle.

A Sablé-sur-Sarthe, on a voté à 95% pour l'enfant du pays. Pour celui qui a été maire de la ville, conseiller général, régional, député et sénateur de la Sarthe. Ici, l’image de l'homme discret, voire distant, très conservateur, s'écorne au fur et à mesure des témoignages de celles et ceux qui le côtoient depuis toujours. 

François Fillon vu par ses proches dans son fief sarthois. Le reportage d'Alice Serrano

Un candidat "logique" à la présidentielle 

C’est autour d’un café, entouré de quelques-uns de ses proches et collaborateurs, que François Fillon annonce, il y a quatre ans,  son intention de présenter sa candidature à a présidence de la République. Et cela n’a étonné personne, se souvient Vanessa Charbonneau, l'une de ses proches collaboratrices. "Quand il l’a annoncé, personne autour de la table ne s’est interrogé ou lui a dit que c’était quelque chose de fou. Au contraire, tout le monde a considéré cela comme naturel", raconte-t-elle.

Vanessa Charbonneau, proche collaboratrice de François Fillon depuis 10 ans. (ALICE SERRANO / RADIO FRANCE)

Une annonce naturelle, logique au regard de la personnalité de l’enfant du pays. Car ici François Fillon n'a pas l'image de l'homme effacé qui lui colle à la peau notamment depuis son tandem avec Nicolas Sarkozy. "Contrairement à ce qu’on peut penser, ce n’est pas un second, c’est un premier", témoigne Pascal Lelièvre, maire de la commune de Solesmes où François Fillon a une maison. Ami de longue date, il raconte d’ailleurs pour l’anecdote avoir du mal à suivre, même en canoë ! "Pour le suivre j’en ai bavé, il était devant j’essayais de le suivre. Il avait un bon coup de pagaie !" assure-t-il.

Pascal Lelièvre, maire de la commune de Solesmes, et son épouse, amis de longue date des Fillon. (ALICE SERRANO / RADIO FRANCE)

De la persévérance dans la vie comme en politique

François Fillon aime la vitesse, la course automobile. Lui qui depuis la fenêtre de son école admirait les stands des 24 heures du Mans. Mais cet ancien étudiant en droit, fils d'un notaire et d'une professeure d'histoire faite carrière en politique presque par hasard. C'est la mort, fin 1980, de son mentor Joël le Theule, figure politique ici, qui le pousse dans le grand bain. A l'époque, Jean-Marie Tissot et Pierre Huault étaient très impliqués dans la vie politique locale et malgré les critiques, ont décidé d'épauler le jeune François à ses débuts. "Ce n’était pas un gamin mais Il faisait tellement jeune, avec ces chevaux longs. Il était sympathique, il s’exprimait bien", se souvient Jean-Marie Tissot.

Et les efforts paient. François Fillon, jeune homme discret au physique fluet, est élu conseiller général de la Sarthe et plus jeune député de l'Assemblée en 1981. Puis il décroche la mairie de Sablé-sur-Sarthe, le Conseil régional, un fauteuil de sénateur. 

C’est un homme qui a une capacité de résistance et d’encaissement très forte. Il n’est pas rancunier mais il n’oublie pas et c’est à partir de cette résistance qu’il trouve la force de se reconstruire et de préparer l’étape d’après

Marc Joulaud, maire de Sablé-sur-Sarthe

franceinfo

L'enfant du pays gravit tous les échelons, patiemment mais sûrement et sait faire le dos rond sous la tornade Sarkozy, témoigne Marc Joulaud, l'actuel maire de Sablé-sur-Sarthe et ami de 25 ans de François Fillon. 

Photomontage. A gauche, Jean-Marie Tissot et Pierre Huault, qui ont lancé François Fillon en politique. A droite, Jean-Pierre Chauveau, ancien suppléant de François Fillon au Sénat (ALICE SERRANO / RADIO FRANCE)

François Fillon "bon vivant"

Décrit comme réfléchi, travailleur, exigeant par ses collaborateurs, on apprend aussi que ce Sarthois est passionné de VTT, d'alpinisme, de photo que c'est un geek - il raffole du portable dernier cri, pilote un drone - et qu'il aime cuisiner. "Quand on faisait des circuits de VTT en forêt de Perseigne, souvent on allait manger dans un petit resto", se rappelle Jean-Pierre Cheveau qui a été son suppléant au Sénat. 

Il aime bien manger, boire, faire des bons repas. A table, souvent, il racontait des blagues

Jean-Pierre Cheveau, ancien suppléant de François Fillon au Sénat

franceinfo

François Fillon, un bon vivant donc, qui aime bien plaisanter aussi. "Ça lui arrive même de prendre l’accent du terroir, un certain patois. On passe des bons moments", acquiesce son ami de longue date Marc Joulaud.

Loin de l'image qu'il renvoie, les Sarthois décrivent un homme chaleureux, à l'écoute, voire attentionné à l'égard de ses proches. Et surtout simple. L'anti bling-bling en somme. "On le voit aller à Bricogite chercher des boulons. Dimanche dernier, Pénélope Fillon est venue voter avec ses trois fils et elle a fait la queue comme tout le monde, elle a attendu plus d’une heure'", témoigne une ancienne conseillère municipale.

Ce sont des gens normaux, comme nous

Ancienne conseillère municipale

franceinfo

La famille pour socle

Discrète, Pénélope Fillon, épouse depuis 36 ans, Galloise d'origine, a toujours soutenu son époux, nous assure les militants, en tractant notamment. Le couple est quatre fois grands-parents, cinq fois parents, notamment d'un petit dernier, Arnaud, qui porte le nom du plus jeune frère de François Fillon mort dans un accident de voiture. Une paternité tardive qui aurait transformé l’animal politique en papa poule. "Un jour où nous avions deux inaugurations à deux endroits différents pas très éloignés, et nous l’avons perdu", se souvient sa collaboratrice Vanessa Charbonneau. "En fait il s’était arrêté dans un magasin de jouet pour acheter un cadeau pour son fils", poursuit-elle.

Sablé-sur-Sarthe (Sarthe), le fief de François Fillon, où il a recueilli 95% des suffrages dimanche. (ALICE SERRANO / RADIO FRANCE)

Ses enfants, sa famille, c’est sa base, assure l’homme politique qui affiche d’ailleurs son attachement aux valeurs familiales. Et c'est ce qui plaît ici en Sarthe et sûrement d’ailleurs dans une grande partie de l'électorat de droite. "Ça fait longtemps que l'on n'a pas eu à la tête de l'Etat un couple qui dure, une famille unie", résume simplement la responsable de la campagne de François Fillon dans le département.

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