La comparaison entre une campagne présidentielle et un marathon est-elle pertinente ?

Dimanche 15 avril, Nicolas Sarkozy et François Hollande organisent deux meetings géants à Paris. Le même jour se tiendra le marathon de Paris. Peut-on comparer une campagne à cette course ? Avis de Chantal Jouanno, coureuse et sénatrice UMP de Paris.

Le marathon : 42 km de souffrance. La course à l'Elysée : un long parcours de plusieurs mois.

Marathon présidentiel

La comparaison est devenu un cliché pour titre d'articles ou attaques de papier quand on est guère inspiré du genre le marathon des candidats à l'élection présidentielle.

La métaphore est-elle pertinente ? L'ancienne ministre des sports Chantal Jouanno, adepte de la course à pied, répond pour FTV 2012. Son record sur marathon est de 4h 30, même si elle préfère les distances plus courtes ou les parcours moins monotones type trail.

"Il y a deux phases distinctes dans un marathon: les trente premiers kilomètres et les douze kilomètres pour finir", explique la sénatrice UMP de Paris. "Dans les trente premiers kilomètres, on fait la distance sans prendre de risques et sans se faire mal. A partir des douze derniers kilomètres, la course commence. C'est l'accélération et la prise de risque", poursuit Mme Jouanno.

Pour elle, la comparaison avec une campagne électorale est valable.

"A la première phase de course, correspond la déclaration de candidature et l'établissement du programme. On ne se préoccupe pas trop de ses adversaires. A la seconde, au contraire, c'est la confrontation et la course tactique", explique-t-elle.

Le 30 ème kilomètre

Mais la championne de karaté met en garde : "le point crucial au marathon ,c'est entre le 27 ème et le 30 ème kilomètre, là où tout se joue". ". C'est ce qu'on appelle le mur. Si vous avez trop d'acide lactique dans les jambes, vous ne pouvez plus courir, vous êtes paralysés des jambes. C'est le moment où il faut trouver une nouvelle énergie, un rebond", prévient-elle.

Bref, c'est le moment où on abandonne. Faut-il alors considérer la validation des parrainages par le conseil constitutionnel, qui décide de qui poursuit la course élyséenne ou pas, comme ce trentième kilomètre ?

Les 12 derniers correspondraient alors à la campagne officielle avec égalité du temps de foulée.

"Non", répond Mme Jouanno. "Les 12 kilomètres ce sont les 12 derniers jours. Je sais, cela peut paraître court mais en fait c'est très long. Les deux derniers kilomètres sont même interminables".

Un parrallèle avec cette fin de campagne qui n'en finit pas ? " C'est vrai je m'ennuie un peu pendant un marathon. C'est très monotone. Mais dans les 12 derniers kilomètres, c'est là où vos amis viennent vous soutenir. Certains courent avec vous. On peut comparer cela avec les ralliements typiques de fin de campagne", commente la joggeuse du palais du Luxembourg.

Expérience

"Le marathon c'est un truc pour les vieux", plaisante-t-elle. "Plus sérieusement, comme pour une campagne présidentielle, il faut être expérimenté et surtout il ne faut pas être nerveux et savoir gérer ses efforts sur le long terme".

Mme Jouanno, par manque de préparation ne courra pas le marathon dimanche. Mais, elle ira encourager des amis. Et après, elle ira soutenir un autre ami place de la Concorde dont elle a été la directrice de cabinet au conseil général des Hauts de Seine avant de se lancer dans la politique.

Elle trouve d'ailleurs que Nicolas Sarkozy, hormis son addiction pour le chocolat, a une hygiène de vie compatible avec la participation d'un marathon.

Mais le président de la République préfère le Tour de France. Autre métaphore récurrente sur les compétitions politiques.