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Proposition d'Emmanuel Macron sur l'éducation : les enseignants travaillent déjà entre "42 et 47 heures" par semaine, selon un syndicat

Le président sortant propose, dans son programme en vue de la présidentielle de 2022, de conditionner la revalorisation salariale des enseignants à l'acceptation de nouvelles missions : remplacements, suivi personnalisé d'élève, accompagnement périscolaire, etc.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Le président de la République Emmanuel Macron lors d'un débat avec la presse au palais Beaumont à Pau le 18 mars 2022. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Didier Georges, secrétaire national du SNPDEN-Unsa, le syndicat des personnels de direction dans l'Éducation nationale, a dénoncé vendredi 18 mars sur franceinfo la "fausse nouvelle idée" d'Emmanuel Macron qui propose, dans son programme de candidat de conditionner une revalorisation de la rémunération des enseignants à l'acceptation de "nouvelles missions". Ces missions seront le "remplacement systématique des enseignants", un "suivi plus individualisé des élèves" ou encore un "accompagnement dans le périscolaire". Pour Didier Georges, cette proposition risque de créer "un temps de travail hebdomadaire" qui serait "extrêmement difficile à supporter" puisque, selon lui, les enseignants travaillent déjà entre "42 et 47 heures" par semaine.

franceinfo : Une revalorisation des salaires des enseignants en contrepartie de remplacements. Est-ce une bonne idée ?  

Didier Georges : C'est une fausse nouvelle idée. On fait déjà du remplacement entre enseignants. C'est très difficile à faire. Statutairement, on a déjà fait une imposition du nombre d'heures supplémentaires qu'ils ne peuvent pas refuser. Donc, il y a déjà eu une mesure comme celle-là qui a été prise par les gouvernements précédents. Et aujourd'hui, si on leur demande de travailler encore plus... Ils travaillent déjà beaucoup et toutes les études ont démontré qu'ils travaillaient entre 42 et 47 heures hebdomadaires pour un service de base. Donc, vous imaginez qu'avec encore plus de prestations dues à l'État, on les amènerait à un temps de travail hebdomadaire, préparations et corrections comprises, qui serait extrêmement difficile à supporter.

Pourquoi existent-ils des difficultés de remplacement des enseignants ?

Il y a la question des enseignants et des brigades de remplaçants, ce qu'on appelle les contractuels, qui sont des personnels recrutés par les inspecteurs et qui sont censés remplacer les collègues absents. La période de pandémie qu'on vient de traverser a pas mal sollicité ces dispositifs de remplacement. Mais il y a surtout un manque de vivier. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, y compris chez les titulaires, il n'y a plus assez d'enseignants. Donc, avant de demander aux enseignants de travailler plus, il faudrait peut-être déjà en recruter. Ce serait un préalable indispensable.

Faut-il réfléchir à une revalorisation non conditionnée ?

Il faut réfléchir à une revalorisation. Mais la contrepartie qu'évoque Emmanuel Macron dans son programme me semble n'être qu'une autre étape. D'abord, redonner de l'attractivité à ce métier pour qu'on ne soit pas à 20% de contractuels, mais qu'on revienne à des niveaux de contractuels, donc de professeurs non titulaires, un peu plus raisonnables. Et puis, redonner envie aux étudiants, aujourd'hui à l'université, de devenir enseignants. Je ne crois pas que ce soit le cas. Les études le montrent en tout cas. Il y a un désamour pour cette fonction alors qu'elle est éminemment noble.

Êtes-vous favorable à plus d'autonomie pour les établissements secondaires, les collèges et les lycées ?

Absolument opposés pour plein de raisons. Il faut se rappeler de l'histoire et l'histoire est importante. Dans les années 2005-2010, il y avait déjà des établissements avec la labellisation ECLAIR, écoles, collèges, lycées pour l'ambition, l'innovation et la réussite. Ces établissements avaient des droits de recrutement sur les enseignants. Outre le fait que cela a pu poser des tensions internes, ça n'a pas fonctionné. Et puis, sincèrement, aujourd'hui, on est en train de parler de l'Éducation nationale. On est en train de parler d’école qui se doit d'être juste et équitable, et on va mettre les établissements et les chefs d'établissement en concurrence les uns aux autres pour recruter des personnels qui seraient prétenduement meilleurs que l'autre, alors qu'on sait très bien que cela ne se joue pas là-dessus. Cela se joue aussi sur une question de moyens, il faut le dire, mais cela se joue aussi sur une question de bien-être dans les établissements. La proposition du président candidat n'en est pas une, puisque c'est du recyclage d'idées qui n'ont déjà pas fonctionné. Donc, on n'est pas dupes et on est contre.

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