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Rassurés mais pas rassasiés, les patrons applaudissent Valls et son nouveau gouvernement

A l'université d'été du Medef, les chefs d'entreprise saluent le remaniement et la clarification de la ligne politique. 

Article rédigé par Marie-Violette Bernard
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Manuel Valls, Premier ministre, et Pierre Gattaz, président du Medef, à l'université d'été du mouvement patronal, à Jouy-en-Josas, le 27 août 2014.  (ERIC PIERMONT / AFP)

Soudain, toute la salle se lève et applaudit à tout rompre. Les bravos résonnent. Une véritable ovation. La raison ? La fin du discours de Manuel Valls à l'université d'été du Medef de Jouy-en-Josas (Yvelines), mercredi 27 août.

La scène peut sembler étrange, tant on a l'habitude d'opposer les patrons et la gauche. Mais le Premier ministre a su séduire cet après-midi, sous la tente plein à craquer du campus d'HEC. "C'est un discours exceptionnel, comme on en entend peu dans la bouche d'un homme de gauche, loue Manuel Pamokdjian, fondateur et ex-PDG de Fineco, une entreprise de conseil en financement de la recherche. C'est le début d'un nouveau dialogue entre les dirigeants d'entreprises et le gouvernement."

"Ce discours marque le début d'un renouveau de confiance"

Assouplissement du droit du travail, négociations sur les seuils sociaux, diminution de la dépense publique... Les promesses de Manuel Valls ont ravi les entrepreneurs français. Son discours face au Medef était précisément dans le ton de ce qu'attendaient les patrons, qui voulaient "de l'enthousiasme et de l'espoir", selon Pierre, directeur stratégique d'une grande banque.

"L'intervention de Manuel Valls correspond à notre état d'esprit : il s'est montré pragmatique et conscient de la réalité économique du pays", abonde Manuel Pamokdjian. "Les patrons n'investissent pas et se montrent méfiants parce que le gouvernement a jusqu'ici manqué de vision et de cohérence : il n'y a pas assez de faits concrets", estime Xavier Masse, patron d'IDEP France. "Mais ce discours marque le début d'un renouveau de confiance", selon Manuel Pamokdjian.

Emmanuel Macron, un "Montebourg sans les défauts"

Le succès du discours de Manuel Valls est en partie lié au remaniement ministériel de la veille, qui marque un tournant social-libéral dans la politique du gouvernement. "Cette décision relevait du bon sens et a le mérite de confirmer la ligne de conduite choisie par le gouvernement", estime Pierre. Pour Xavier Masse, il s'agit d'une "promesse du gouvernement qu'il va tenir le cap qu'il s'était fixé".

D'autant que le nouveau ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, bénéficie d'un a priori favorable. L'arrivée de celui qui a largement inspiré le pacte de responsabilité rassure les patrons, qui veulent plus de stabilité dans la politique du gouvernement. "Il connaît le monde de l'entreprise, c'est un bon point pour lui", estime Jean Martin, délégué général de la Fédération de la plasturgie et des composites et ancien chef d'entreprise. "Sur le papier, Macron c'est Montebourg mais sans les défauts", sourit encore Pierre.

"Il faut aller plus loin."

Mais l'enthousiasme des chefs d'entreprises est encore mesuré. "Le patronat a une confiance totale en Manuel Valls, mais nous avons peur qu'il ne soit pas suivi par l'Assemblée nationale", explique Manuel Pamokdjian. Beaucoup de patrons craignent en effet que le mouvement des frondeurs gagne en ampleur et que le gouvernement perde la majorité. "Si Manuel Valls fait ce qu'il a dit, on a de fortes chances de relever la tête, estime Bruno Blondel, d'Alto Musique. Mais pour l'instant, ça manque de concret."

Certains chefs d'entreprise, plus dubitatifs, estiment en outre que les efforts du gouvernement ne sont pas suffisants. "Si le pacte de responsabilité est mis en œuvre, ce qui est loin d'être le cas pour l'instant, ce sera déjà un pas en avant. Mais comme l'a dit Pierre Gattaz, ces 40 milliards ne représentent qu'un tiers de l'écart de compétitivité que nous avons avec l'Allemagne, martèle Jean Martin. Il faut aller plus loin."

 

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