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Déforestation : l’État français dévoile sa stratégie de lutte, mais multiplie les contradictions

L'équivalent de deux fois la superficie de la Bretagne disparaît dans les forêts du monde chaque année.

Article rédigé par franceinfo, Anne-Laure Barral
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Cette photo, prise le 19 mai 2017, montre une forêt récemment défrichée pour planter des palmiers à huile à Jambi, dans le sud de Sumatra, en Indonésie.  (GOH CHAI HIN / AFP)

Cinq ministres, dont Jean-Yves Le Drian pour les Affaires étrangères, Bruno Le Maire pour l’Économie et François de Rugy pour la Transition écologique, annoncent mercredi 14 novembre l’adoption de la stratégie nationale de lutte contre la déforestation, causée par l’importation de produits non-durables, pour y mettre fin à l’horizon 2030.

Un engagement sur cinq ans...

C'est deux fois la superficie de la Bretagne qui disparaît dans ces forêts chaque année pour répondre à nos besoins. "Entre 1990 et 2015, la superficie forestière mondiale a été réduite de 129 millions d’hectares", rappellent ces ministres dans un communiqué. Cette initiative s’inscrit dans l’engagement pris par l'État dans le Plan climat, adopté en juillet 2017.

Les 17 mesures concernent dans un premier temps le soja, l’huile de palme, le bœuf, le cacao ainsi que le bois et ses produits dérivés. La France s’engage notamment pendant les cinq prochaines années, par le biais de l’Agence française de développement (AFD), à consacrer "60 millions d’euros par an à des projets concourant à la gestion durable, à la lutte contre la déforestation et au reboisement". L’État se dotera également d’une "politique d’achat public 'zéro déforestation' à l’horizon 2022". Comme la déforestation progresse rapidement, les ministres précisent que des points d’étape seront réalisés en 2020 et 2025 "afin de mesurer les progrès accomplis et, le cas échéant, prendre de nouvelles mesures contraignantes et élargir son champ à de nouveaux produits".

... mais confronté à de fortes contradictions

Si le gouvernement entend lutter contre ce phénomène, sa stratégie est très paradoxale, surtout depuis qu'il a donné son feu vert à la raffinerie de Total à la Mède (Bouches-du-Rhône). Une raffinerie qui va importer jusqu'à 300 000 tonnes d'huile de palme dès l'an prochain pour fabriquer du biodiesel et qui va quasiment doubler nos importations d'huile de palme. Or aujourd'hui, le développement des plantations de palmiers à huile provoque des ravages dans les forêts de Sumatra et Bornéo en Malaisie et en Indonésie où vivent les derniers orangs-outans de la planète.

Mais ce n'est pas mieux pour le soja, qui nourrit nos animaux d'élevage et dont les champs ont déforesté 60 millions d'hectares des forêts du Brésil ces dernières décennies. Alors la France compte choisir des producteurs qui promettraient zéro déforestation, mais aussi en mettant en avant les fournisseurs les plus vertueux. L'État pourrait les choisir pour fournir les repas de ses cantines ou celles des hôpitaux publics. Encore faut-il trouver ces fournisseurs vertueux. Les labels sont encore très décriés, tant leur contrôle laisse à désirer.

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