L'accord trouvé entre le gouvernement et la directiond'ArcelorMittal devrait avoir un goût amer pour Arnaud Montebourg. Le ministredu Redressement productif n'a pas encore réagi à l'annonce du Premier ministre: le site reste une propriété du groupe Mittal qui s'engage à investir 180millions d'euros sur cinq ans et à ne pas opérer de licenciements secs. Unaccord qui s'accompagne de deux camouflets pour Arnaud Montebourg.Le repreneur et ses 400 millions d'euros ? "Pas crédible"pour MatignonMercredi dernier devant les députés, Arnaud Montebourg estcatégorique : "Nous avons un repreneur qui est un aciériste, unindustriel. Qui souhaite investir 400 millions d'euros dans cette installationpour la rénover ". Le ministre du Redressement productif précise un peuplus tard que deux candidats se sont fait connaître.Réponse cinglante de Matignon ce vendredi soir au moment del'annonce de l'accord avec ArcelorMittal : "Il n'y avait pas de repreneurcrédible avec une offre ferme, avec un plan de financement bouclé " pour lesite de Florange.Une nationalisation temporaire du site ? "Pasefficace" pour Jean-Marc AyraultL'idée d'une nationalisation temporaire du site de Florange avancéeArnaud Montebourg a rencontré un certain succès ces derniers jours : Jean-LucMélenchon, Henri Guaino, Jean-Louis Borloo, Michel Sapin ou Jean-François Copé onttous soutenu cette hypothèse. Sur France Info, le président contesté de l'UMPestimait cette semaine que "la question n'est pas taboue ". AFlorange, plusieurs responsables syndicaux avaient salué l'idée. Seul LaurenceParisot, la présidente du Medef, s'était opposée à la nationalisation.Qu'à dit Jean-Marc Ayrault vendredi soir ? "Legouvernement n'a pas retenu l'hypothèse d'une nationalisation transitoire "à Florange, estimant qu'elle n'était "pas efficace " face "à unproblème de compétitivité ". Samedi, la porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, a tout de même déclaré que le gouvernement ne "renonçait pas à la nationalisation, si jamais Mittal ne respecte pas ses engagements ".Coup de bluff ? Désaveu ?Le grand écart entre les prises de position d'ArnaudMontebourg et l'annonce de Matignon n'a pas échappé aux syndicats. DominiqueGillier, le secrétaire général de la fédération CFDT de la métallurgie,s'étonne par exemple d'une "telle contradiction entre Bercy etMatignon ".Pour Edouard Martin, de la CFDT sur le site de Florange, lachose est entendue : "le gouvernement nous a menti tout au long desdiscussions pour faire croire que la nationalisation était acquise ". Enclair, les déclarations du ministre du Redressement productif auraient permis depousser Lakshmi Mittal a revoir sa position. Une source gouvernementale citéepar l'AFP ne dit pas autre chose : "On s'en est servis comme arme dans lanégociation ".Montebourg "n'a pas ménagé sa peine" (Ayrault)Et c'est ce que semble confirmer le Premier ministre samedi. Dans un communiqué, Jean-Marc Ayrault salue l'action de son ministre du Redressement productif "qui n'a pas ménagé sa peine " pour tenter de trouver une solution pour le site sidérurgique de Florange, "comme il le fait sur de nombreux dossiers ". Le chef du gouvernement souligne que les efforts d'Arnaud Montebourg ont contribué "à créer un rapport de forces favorable à la conclusion de l'accord ".Autre son de cloche : "Montebourg désavoué parAyrault " sur ses deux propositions. C'est la charge lancée par l'ancienne ministre UMP Nadine Morano.Même réaction à gauche pour la sénatrice PS Marie-Noëlle Lienemann sur Twitter: Pourquoi JM Ayrault dit il qu'il n'y avait pas de repreneur crédible. Absurde de discréditer son ministre et Mittal peut se sentir fort— MN Lienemann (@mnlienemann) November 30, 2012De son côté, Jean-Claude Mailly regrette sur France Info que "les salariés soient pris en otage " de "la cacophonie du gouvernement ".