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Réindustrialisation : la France peut-elle vraiment être autonome en production de batteries électriques d'ici 2027, comme le souhaite Emmanuel Macron ?

Le chef de l'Etat, qui doit officialiser la création d'une nouvelle usine de batteries électriques à Dunkerque, ce vendredi, vise une autonomie de production d'ici la fin du quinquennat : "Très, voire trop ambitieux", estime un spécialiste.
Article rédigé par Thomas Giraudeau, franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Emmanuel Macron le 25 avril 2023. (GONZALO FUENTES / AFP)

La ville de Dunkerque a été choisie par le taïwanais ProLogium pour y installer une grande usine de batteries. Il souhaite faire de la France une terre pionnière, pour y produire en masse une nouvelle génération de batterie, dite "solide", plus résistante et plus puissante que les précédentes, assure le groupe. Le groupe estime ainsi qu'il y a "un véritable écosystème pour les batteries [qui] se développe" dans la ville du nord de la France. 

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Les dirigeants de ProLogium disent prévoir d'y investir 5,2 milliards d'euros d'ici 2030 avec à la clef 3.000 emplois, pour ce qui sera la quatrième usine de batteries en France, toutes situées dans les Hauts-de-France, où le président Emmanuel Macron est attendu pour une officialisation, vendredi 12 mai. Le chef de l'Etat a d'ailleurs de grandes ambitions pour la filière en France : il a fixé l'objectif d'une France autonome en production de batteries d'ici la fin du quinquennat, en 2027. 

Echéance 2030 "plus raisonnable"

Sauf que c'est "très, voire trop ambitieux", d'après un scientifique spécialiste des batteries électriques, contacté par franceinfo. En 2027, et sauf nouvelle annonce d'implantation d'ici là, on comptera donc quatre "giga-factories", des "méga-usines" de batteries en France. Et elles ne tourneront pas encore à plein régime. L'une des usines, qui fournira Renault, est lancée par une start-up, Verkor, créée il y a à peine trois ans. Une autre s'appuie sur un fabricant de batteries pour le domaine spatial, Saft, qui produit aujourd'hui à une toute petite échelle. "Il faudrait vraiment que toutes les étoiles s'alignent pour atteindre l'objectif en 2027", selon ce même spécialiste, qui souligne que l'échéance 2030 paraît "plus raisonnable". 

D'ici là, il faut encore compter sur des batteries moins chères produites en Asie : Chine, Corée du Sud. 
Sauf si la France et l'Europe ferment leurs frontières, en interdisant par exemple l'importation de batteries au bilan carbone trop lourd. L'idée fait d'ailleurs son chemin à Bruxelles. Si elle aboutit, alors la France pourra se tourner vers ses voisins. Plus d'une trentaine de méga-usines de batteries sont en projet dans l'Union européenne. 

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