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Avant même d'être annoncée, la hausse de la TVA est critiquée

Avant même d’être officiellement annoncée, dimanche soir par le président de la République, l’idée d’augmenter la TVA a provoqué un tir de barrage. Selon plusieurs sources, cette hausse pourrait être de 1,6 % faisant passer la TVA de 19,6 % à 21,2 %.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Nicolas Sarkozy (AFP)

Avant même d'être officiellement annoncée, dimanche soir par le président de la République, l'idée d'augmenter la TVA a provoqué un tir de barrage. Selon plusieurs sources, cette hausse pourrait être de 1,6 % faisant passer la TVA de 19,6 % à 21,2 %.

La hausse de la TVA, qui pourrait être annoncée dimanche soir, provoquait déjà dans la journée de dimanche de vives critiques venant de tous les bords politiques, mais aussi de nombreux économistes.

Fabius : "une triple faute"

Laurent Fabius, qui s'exprimait dimanche sur Radio J, voit dans cette mesure "une triple faute, une faute économique parce que cela va peser sur la consommation, augmenter les prix, une faute sociale parce que ce sont l'ensemble des couches populaires et moyennes qui vont payer, une faute démocratique parce que ce n'est pas à moins de cent jours d'une élection qu'on annonce cela". Pour l'ancien premier ministre socialiste de François Mitterrand, qui va effectuer une tournée internationale pour François Hollande, Nicolas Sarkozy a un "problème dont il ne peut pas sortir" : "s'il annonce des mesures nouvelles, pourquoi ne l'a-t-il pas fait pendant cinq ans et si c'est la même politique, pourquoi donnerait-elle de meilleurs résultats qu'hier".

Radio J

(On peut revoir aussi le débat Fabius-Borloo de 2007 sur la TVA)

Eva Joly : "totalement inefficace"

Pour Eva Joly, candidate écologiste à la présidentielle, "C'est une très mauvaise idée. Augmenter la TVA ça veut dire baisse du pouvoir d'achat, ça pèse sur tout le monde et notamment les plus vulnérables. Et c'est totalement inefficace pour diminuer les charges des entreprises", a-t-elle ajouté sur Canal +.

Canal+

Bayrou : "une mesure de dernière minute"

Même tonalité chez François Bayrou, candidat Modem à la présidentielle. "C'est une mesure de dernière minute qui n'aura aucun effet sur le coût du travail",
a-t-il déclaré sur Europe 1.

"Les mesures annoncées dans les dernières semaines avant l'élection présidentielle ne seront pas appliquées", a déploré M. Bayrou, soulignant notamment "le caractère trop faible" de la hausse de la TVA envisagée. "Cela n'est pas de cette manière qu'on gouverne la France", a-t-il dit, jugeant que cela donnait "une impression d'affolement, d'improvisation".

"Gouverner, c'est prévoir. Il faut regarder le long terme, donner un cap", a-t-il ajouté.

Europe 1 "Le grand rendez-vous"

Seul Dominique de Villepin a estimé dimanche que la TVA dite "sociale" voulue par Nicolas Sarkozy allait "dans le bon sens". Invité de "C Politique" sur France 5, dimanche, le candidat à la présidentielle a affirmé à propos d'une éventuelle hausse de la TVA : "c'est une mesure. Moi, ce que je souhaiterais, c'est qu'on ait une stratégie".

France 5, "C Politique"

Scepticisme chez des économistes

Des économistes accueillent aussi la possibilité d'une hausse de la TVA d'1,6% avec scepticisme. Nicolas Bouzou, du cabinet Asterès, estime que "les considérations électorales ont pris le pas sur les considérations économiques". Une hausse de 1,6 %, c'est un "ordre de grandeur assez faibles alors que l'on parlait d'une quarantaine de milliards d'euros", souligne-t-il, estimant que ces mesures s'apparentent ainsi davantage à "une mini-TVA sociale" qui n'aura selon
lui "aucun effet significatif sur la consommation ou le chômage".

Même tonalité chez Marc Touati (Assya Compagnie financière) qui est encore plus sévère. "L'augmentation de la TVA va mécaniquement peser sur la consommation qui est déjà extrêmement faible et donc aggraver la récession", redoute-t-il.

Quant à la baisse des charges des entreprises, elle ne pourra avoir d'effet que lorsque la croissance aura redémarré. "En attendant, nous ne verrons que les effets négatifs de ces mesures", assure-t-il.

Un des plus hauts taux d'europe

Le taux normal de la TVA en Allemagne est de 19% en dépit de son augmentation de trois points en 2007. Elle est de 20% au Royaume-Uni, après sa hausse de 2,5 points il y a un an.

A 21,2% (19,6% aujourd'hui plus 1,6% prévu), il n'y aurait plus qu'une petite dizaine de pays de l'Union européenne connaissant un taux supérieur à celui de la France (Danemark, Grèce, Lettonie, Hongrie, Portugal, Pologne, Roumanie, Finlande et Suède).

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