Affaire Cahuzac : le rôle de Bercy en question
Les membres de l'opposition ne s'en privent pas. Après avoir interrogé le rôle joué par François Hollande et Jean-Marc Ayrault dans "l'affaire Cahuzac", ils ont trouvé une nouvelle cible, en la personne de Pierre Moscovici. Il faut dire que le ministre de l'Économie et des Finances est en première ligne dans le dossier.
Collaboration franco-suisse
Revenons quelques semaines en arrière, le 24 janvier dernier très précisément. Une demande d'assistance administrative est envoyée depuis Bercy à Genève. Dans cette lettre, une question : Jérôme Cahuzac possède-t-il, ou a-t-il possédé un compte en Suisse, dans la banque UBS ? La réponse, négative, arrivera une semaine plus tard, le 31 janvier. Pour Bercy, Jérôme Cahuzac, encore ministre du Budget, est blanchi.
C'est justement cet aspect de l'affaire qui fait l'objet de nouvelles interrogations de Mediapart , déjà à l'origine de la révélation des faits concernant Jérôme Cahuzac. Pour le site internet, avec cette demande d'entraide, Pierre Moscovici s'est substitué à la justice.
D'ailleurs, à l'époque, le parquet de Paris, qui venait d'ouvrir une enquête préliminaire, n'avait pas caché son agacement de voir l'enquête administrative venir se superposer au judiciaire. Surtout que la réponse de l'administration suisse s'était retrouvée étalée dans la presse, et notamment dans un article du Journal du Dimanche du 9 février, intitulé "Les Suisses blanchissent Cahuzac".
Moscovici fait front
Face à ces doutes quant à son rôle, Pierre Moscovici a répondu, ce mercredi. D'abord à Mediapart qui l'avait sollicité : "Je n'ai cherché ni à entraver la justice ni à blanchir un copain" explique-t-il. Mais pourquoi la demande envoyée à Genève ne concernait que la banque UBS ? Car "les accusations du journal Mediapart" concernaient cette banque en particulier, répond le ministre.
Pierre Moscovici a également publié un communiqué ce mercredi, dans lequel il refait en quelque sorte l'historique de l'affaire traitée par ses services.
"(Je) rejette fermement toutes allégations de dissimulation et de complaisance dans la gestion de ce dossier, qui a au contraire fait l'objet d'un traitement scrupuleux et rigoureux par l'administration fiscale, avec la volonté d'établir la vérité."
Dans le communiqué, le ministre de l'Économie revient également sur la "muraille de Chine" créée à Bercy pour empêcher tout conflit d'intérêts. En clair, éviter que les moyens de l'État ne se retrouvent utilisés par la défense personnelle de Jérôme Cahuzac. Selon Pierre Moscovici, le ministre du Budget n'a jamais eu connaissance des informations le concernant au sein du ministère. Reste que Pierre Moscovici a été vivement pris à partie mercredi après-midi à l'Assemblée nationale par le président du groupe UMP, Christian Jacob.
Dans cette mise en cause par ricochet, Pierre Moscovici bénéficie toujours du soutien du gouvernement. Mais son rôle et sa fonction au sein du gouvernement devraient encore en faire une cible privilégiée des attaques dans les prochains jours.
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