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Etats-Unis : les cinq plus gros mensonges de Donald Trump

Le milliardaire américain, candidat à l'investiture républicaine, accumule les énormités. Francetv info revient sur ses sorties mensongères les plus mémorables de la campagne en cours.

Article rédigé par Louis San
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 7min
Donald Trump, candidat à l'investiture républicaine, lors d'un débat à Charleston (Caroline du Sud, Etats-Unis), le 14 janvier 2016. (TIMOTHY A. CLARY / AFP)

"Donald Trump ment constamment." Ce n'est pas une attaque venant d'un adversaire, mais l'avis d'un professeur de politique internationale, également blogueur pour le Washington Post (en anglais). Aux Etats-Unis, la campagne pour l'investiture républicaine en vue de la course à la Maison Blanche se durcit, vendredi 15 janvier. Le milliardaire Donald Trump, l'attraction de ce tour de chauffe, accumule les mensonges. Francetv info revient sur les énormités les plus marquantes de celui qui a déjà reçu le prix du mensonge de l'année, décerné par le site américain PolitiFact (en anglais).

1Des "milliers de personnes" dans le New Jersey ont "acclamé" la chute des tours du World Trade Center : FAUX

Après les attentats de Paris, le milliardaire concentre ses critiques sur les musulmans. Le 21 novembre, lors d'un meeting, il a dit avoir vu à la télévision "des milliers et des milliers" de musulmans applaudir, aux Etats-Unis, les attentats du 11 septembre 2001. Une affirmation maintenue et martelée par la suite. "Je l'ai vu. Tellement de gens l'ont vu, a-t-il insisté. J'ai des milliers de gens qui sont d'accord avec moi." Selon lui, ces personnes de confession musulmane, qui se trouvaient dans le New Jersey, ont notamment dansé pour saluer la chute des tours du World Trade Center.

Pourquoi c'est faux. "Je l'ai vu quelque part à la télévision, il y a des années de ça", assure Donald Trump, sans davantage de précision. Et pour cause : il s'agit d'une vieille légende urbaine. Il n'existe aucune preuve de cet événement. MTV News (en anglais) a rencontré une femme qui avait témoigné à l'époque et dont les propos avaient été mal été interprétés. Elle rétablit la vérité.

De son côté, PolitiFact (en anglais) s'est plongé dans les archives et n'a rien trouvé. Le site rapporte que l'agence Associated Press avait évoqué, à l'époque, des rumeurs "infondées" concernant des musulmans célébrant l'attaque. Sans compter que les autorités du New Jersey nient que cela se soit produit sur leur territoire.

Pris la main dans le sac par plusieurs médias, Donald Trump s'est moqué, le 24 novembre, en plein meeting, du handicap d'un journaliste qui l'avait épinglé.

2"Blancs tués par des Noirs : 81 %" : FAUX

Alors que les polémiques sur d'éventuelles bavures racistes de policiers américains perdurent, Donald Trump a relayé, le 22 novembre sur Twitter, une infographie sur les crimes aux Etats-Unis en 2015. Ces statistiques affirmaient notamment  : "Blancs tués par des Blancs : 16 %. Blancs tués par des Noirs : 81 %". Voici une capture d'écran de son tweet.

 

Pourquoi c'est faux. De nombreux sites d'informations américains, comme Buzzfeed, Quartz ou encore le Washington Post (en anglais) ont montré que ces chiffres étaient faux. D'une part, la source –le bureau des statistiques du crime de San Francisco– n'existe pas. D'autre part, le Washington Post a rapporté les chiffres du FBI pour l'année 2014. Et il se trouve que les chiffres officiels sont à l'inverse de ceux relayés par Donald Trump : Sur la totalité des Blancs tués, 82,4% l'ont été par des Blancs et 14,8% par des Noirs. 

3"Notre vrai taux de chômage est de 42%" : FAUX

C'est ce qu'il a affirmé dans un entretien accordé au Time (en anglais), le 18 août. Selon lui, les chiffres officiels sont erronés. Il évoque d'abord un taux de chômage à 21%, puis affirme que le "vrai" taux de chômage américain s'élève à 42%.

Pourquoi c'est faux. D'après le département du Travail américain, l’équivalent du ministère du Travail français, le taux de chômage aux Etats-Unis tourne autour de 5%. Libération explique que ce chiffre est critiqué par de nombreux commentateurs qui préfèrent un autre indicateur, émanant lui aussi du département du travail : la sous-utilisation de la main-d’œuvre, appelée labor underutilization rate ou U-6 rate. Le quotidien explique que ce chiffre, qui s'élève à 10,4%, prend en compte les chômeurs, "mais également le temps partiel subi et les personnes désirant travailler mais dont la recherche d’emploi n’est pas assez récente pour qu’elles soient comptabilisées dans le taux de chômage classique".

D'où Donald Trump sort-il ses 42% ? Le Washington Post (en anglais) explique que l'homme d'affaires additionne plusieurs chiffres : les chômeurs au sens strict, celles et ceux qui subissent un temps partiel (autrement dit ceux qui n'ont pas choisi de travailler en temps partiel) et les 93,77 millions d’inactifs comptabilisés en juillet. Mais Donald Trump se trompe car dans ces dizaines de millions de personnes, catégorisées not in the work force, il y a des préretraités, des retraités, des mères au foyer, des lycéens et des étudiants. Le chiffre de 42% est donc totalement faux.

4Il connaît "très bien" Vladimir Poutine : FAUX

Donald Trump a assuré avoir sympathisé avec le président russe lors de l'émission "60 minutes" diffusée sur CBS le 27 septembre. Il l'a déclaré le 10 novembre lors d'un débat face aux autres candidats à la primaire républicaine, entièrement retranscrit par le Time (en anglais).

Pourquoi c'est faux. Le site Factcheck.org (en anglais) rappelle que les deux hommes étaient effectivement invités de l'émission "60 minutes" sur la chaîne américaine CBS (article payant). Mais ils ont été interviewés séparément, dans deux pays différents, à des milliers de kilomètres de distance.

Les deux hommes ne sont donc pas "collègues" (stablemates), comme l'affirme Donald Trump. Néanmoins, le président russe apprécie le milliardaire. Le 17 décembre, lors de sa conférence annuelle, le chef du Kremlin a déclaré à propos de lui : "C'est un homme très brillant, plein de talent sans aucun doute. Ce n'est pas à nous de juger de ses qualités, mais c'est le favori incontesté de la course présidentielle."

5La croissance américaine n'a "jamais" été négative : FAUX

C'est peut-être le premier mensonge de sa campagne. Le 16 juin, lors du discours officialisant sa candidature à l'investiture républicaine, il a déclaré que le taux de croissance du PIB (produit intérieur brut) des Etats-Unis était passé sous le seuil de zéro au premier trimestre 2015 sous la houlette de Barack Obama. "Qui a déjà entendu ça ?", a-t-il interrogé (vers 11'18''), sous-entendant que les Etats-Unis n'ont jamais traversé de phases de récession ou de taux de croissance négatif.

Pourquoi c'est faux. Cela est arrivé 42 fois depuis 1946, relèvent USA TodayFactchek.org ou encore Politifact (en anglais). D'ailleurs, ces phases où le taux de croissance est passé sous 0 se sont produites plus souvent sous un président républicain (30 fois, contre 12 sous un président démocrate).

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