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Derrière le mythe Kennedy, quelle a été la réalité de sa présidence

John Kennedy a été président 1036 jours. Que reste-t-il de cette présidence dramatiquement interrompue ? Quelles ont été les grandes décisions du président assassiné ? Retour sur trois thèmes majeurs.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3 min
Le 20 janvier 1961, le président John F.Kennedy reçoit l'investiture à Washington. Le plus jeune président américain commence son mandat qui durera 1036 jours. (AFP)

Kennedy président, que faut il en retenir ? L’homme de la lamentable affaire de la Baie des cochons ou le président qui su éviter la guerre avec les Russes lors de la crise de Cuba ? L’homme qui symbolisa la lutte pour les droits civiques, alors que les grands textes ont été signés par son successeur Lyndon Johnson ? L'homme qui débuta la guerre du Vietnam ?

Thomas Snegaroff, chercheur associé à l’Iris et auteur de Kennedy, Une vie en clair-obscur (Ed. Armand Colin), dresse un bilan mitigé. «Il a réalisé très peu de choses. Il a sonné l’impulsion pour les droits civiques et sociaux – notamment l’assurance santé –, mais c’est son successeur, Lyndon Johnson, qui les a mis en œuvre, pas lui. Son bilan politique est fragile», affirme-t-il dans 20 minutes.  

Voici en quelques points, les grandes actions du président Kennedy sur les dossiers qui ont marqué sa présidence.

La Guerre Froide
La Guerre Froide a débuté en 1947-1948. A Berlin, notamment. Elle fait suite au partage du monde entre l'URSS et les Occidentaux à Yalta. Après la guerre de Corée, la «coéxistence pacifique» reste fragile.

Six mois à peine après sa prise de fonction, Kennedy autorise une opération secrète de la CIA : faire débarquer des exilés cubains sur l’île qu’ils ont fuie afin de provoquer un soulèvement populaire. Fin avril 1961, quelque 1300 insurgés contre-révolutionnaires arrivent sur les plages cubaines. C’est le désastre de la Baie des Cochons. Les troupes de Castro écrasent les insurgés.
 
Après ce piteux échec et une rencontre difficile avec Kroutchev, éclate la crise des missiles en octobre 1962 qui se termine sur un compromis entre Moscou et Washington. Le monde, sous la menace nucléaire des deux grandes puissances, a vécu des moments d’extrême tension qui ont beaucoup fait pour l’image de Kennedy. 
 


Autre image de légende, le discours de Berlin, dans lequel Kennedy affirme au monde entier : «Ich bin ein Berliner». 

Les droits civiques
Les Etats-Unis de Kennedy doivent faire face à la montée de la contestation de la ségrégation raciale. On pense souvent que Kennedy est l'auteur des grandes réformes qui ont changé l'Amérique sur cette question. «Ce qui est faux : ces changements ont eu lieu pour la plupart après la ratification de la loi sur les droits civiques par son successeur, Lyndon B. Johnson, en 1964», rappelle le New York Times.

«Le mandat de Johnson est une continuation et une réalisation des objectifs de Kennedy. Le Civil rights act et le Voting rights act (deux textes fondamentaux dans la lutte contre la ségrégation adoptés sous Johnson, NDLR) trouvent leur origine dans des projets de Kennedy. Et il en va de même pour les programmes d'assurance santé Medicare et Medicaid, note Vincent Michelot, universitaire spécialiste de la politique américaine.

Le Vietnam
Sur le dossier qui a marqué l’Amérique de la deuxième moitié du XXe siècle, la guerre du Vietnam, difficile de dire quelle a été la position exacte de Kennedy. Mais c’est bien lui qui a envoyé les premiers «conseillers» au Vietnam.

Pour le journaliste Seymour Hersh, auteur de La face cachée du clan Kennedy (Ed. de l'Archipel), le constat est sévère : «Rien ne devait entamer la gloire de Kennedy : accepter un compromis aurait été très difficile. Ses partisans disent qu’il se serait retiré du Vietnam après l’élection de 1964. Mais quelle sorte de président est-ce là, qui a besoin de paraître dur jusqu’à l’élection ? Avant qu’il ne se retire du Vietnam, combien d’Américains auraient encore été tués, et pourquoi ?», affirme-t-il dans Libération. C'est sous la présidence Jonhson que la guerre du Vietnam devint un véritable conflit engageant des centaines de milliers d'Américains.

Reste l’image glamour d'une famille de légende à peine égratignée par des parfums de scandales, les paroles prononcées («Ne demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous. Demandez ce que vous pouvez faire pour votre pays»), le concept optimiste sur la Nouvelle Frontière («Mais je vous dis que nous sommes devant une Nouvelle Frontière, que nous le voulions ou non. Au-delà de cette frontière, s'étendent les domaines inexplorés de la science et de l'espace, la course à l’espace...», disait il pendant sa campagne), et même le lancement du programme Apollo (avec la promesse d’aller sur la Lune)... Un bilan figé un certain 22 novembre 1963.

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