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"Comme un train de marchandises qui se dirigeait vers vous" : les habitants de Mayfield sous le choc après le passage d’une tornade meurtrière

Reportage à Mayfield, dans le Kentucky, l’un des cinq États du sud et du centre des États-Unis frappés dans la nuit de samedi à dimanche par un déferlement de tornades. Il est l'État qui a payé le plus lourd tribut : au moins 70 morts.

Article rédigé par franceinfo - Sébastien Paour, édité par Ariane Schwab
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Vue aérienne de Mayfield, dans le Kentucky (Etats-Unis), après le passage d'une tornade meurtrière, le 11 décembre 2021. (SCOTT OLSON / GETTY IMAGES NORTH AMERICA)

Vingt-quatre heures après le passage de la tornade, Mayfield dans le Kentucky ressemble à une ville qui aurait été bombardée ou comme si un géant était passé en diagonale en écrasant et en arrachant tout sur son passage. Le bilan provisoire est dévastateur après le déferlement d'une série de tornades d'une violence inouïe qui ont frappé le centre et le sud des États-Unis : au moins 83 morts dont au moins 70 dans le seul État du Kentucky qui paye le plus lourd tribut. Le gouverneur Andy Beshear s’attend à un bilan bien plus lourd et a appelé les habitants à donner leur sang, pour soigner les blessés.

"C'est l'un des événements les plus effrayants de ma vie, raconte Jeremy Creason, le capitaine des pompiers de Mayfield. J'étais dans la caserne quand la tornade est passée. Nous l'avons regardée, nous l'avons vue venir vers nous. Vous pouviez entendre comme un rugissement, comme un train de marchandises qui se dirigeait vers vous pendant deux ou trois minutes consécutives, on entendait un tonnerre continu. Et puis, les éclairs ont commencé à s'intensifier. Il y a eu un flash et on a pu se rendre compte de la largeur de l'entonnoir. C'était très effrayant." Ce vacarme ahurissant a également terrorisé Monica, coiffeuse à Mayfield.  

"On était cachés dans le placard. On aurait dit qu'un train le traversait. Le bruit était très fort. Des tas de choses cognaient contre la fenêtre. On a juste prié et grâce à Dieu, on n'a pas été blessés."

Monica, coiffeuse à Mayfield

à franceinfo

La maison de Monica est encore debout. Mais de l'autre côté de la rue, là où la tornade est passée, un vieux bâtiment est devenu ni plus ni moins un tas de briques rouges. Un relais radio de 25 mètres s'est écroulé. Partout gisent des poteaux électriques en bois, cassés en plusieurs morceaux, des fils enchevêtrés, des arbres par dizaines arrachés du sol ou brisés, des bouts de tôle, des toits entiers qui ont été emportés à plusieurs mètres des hangars qu'ils couvraient. Ce qui donne bien l'idée que les vents de la tornade tourbillonnaient, ce sont ces plus petits morceaux de tôle, ces plaques, enroulés littéralement autour des restes de panneaux de signalisation ou de feux rouges. Comme si le géant avait tout simplement froissé, écrasé, brisé tout ce qui lui tombait sous la main avant de tout envoyer voler partout.

Les maisons encore debout sont vides. La plupart des habitants ont été évacués. Il n'y a pas d'électricité, à l'exception de quelques groupes électrogènes comme devant le poste de police. La ville est sous couvre-feu depuis 19 heures et jusqu'au lendemain matin.

Les secours continuent de s'affairer, notamment autour d'une fabrique de bougies qui tournait jusque tard le soir ces derniers temps, en raison de la période, entre Thanksgiving et Noël. Il y avait entre 110 et 130 personnes sur place, difficile de savoir précisément, disent les secours. Elle a été presque complètement détruite. Les journalistes ne peuvent pas approcher. Seules les équipes médicales, les gardes nationaux, les membres de la FEMA, l'Agence fédérale de secours d'urgence, sont autorisés à accéder. Le capitaine des pompiers de Mayfield, Jeremy Creason, résumait la situation. Sans parler de bilan dans cette usine, il disait : ici, tout le monde se connaît dans une ville d'à peine 10 000 habitants. On a tous une connexion, un proche qui travaillait là-bas.

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