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Liberté des médias: Ankara sur la sellette

Selon "Tutuklu Gazete", "Journal emprisonné" en turc, près d'une centaine de journalistes étaient emprisonnés en janvier 2011. Leur mise en détention provisoire, sur la base d’une loi qui permet d’interpeller des individus «pour appartenance à une organisation terroriste », et la restriction d'accès à internet commencent à interpeller la communauté internationale.
Article rédigé par Jean-Claude Rongeras
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Une jeune femme lit "Todays' Zaman", à Istanbul, le 16/01/2007 (AFP/SEZAYI ERKEN)

Une dernière vague d'arrestations avait mis sous les verrous une trentaine de journalistes kurdes fin décembre, ainsi que de nombreux autres d’intellectuels. Les journalites sont suspectés de liens avec les séparatistes kurdes alors qu'ils ne semblent qu'exercer leur profession. La lutte «contre le terrorisme doit se faire sans museler la presse et limiter le droit du public à être informé», a indiqué l’OSCE.

Des enquêtes qui dérangent le gouvernement
Le 22 novembre 2011, le procès ouvert contre deux journalistes, Nedim Sener et Ahmet Sik, a vu la mobilisation de quelque 200 défenseurs des droits de l’Homme. Ces deux stars de la profession sont accusés d’avoir été en contact avec des membres du complot « Ergenekon » visant à renverser le gouvernement en créant le chaos dans le pays.

Les motifs de ces deux arrestations ne résistent guère à l’analyse. M.Sener s’intéressait au meurtre d’un journaliste. Enquête qui devait paraître dans un livre où il critiquait la police. Quant à Ahmet Sik, il rédigeait un livre sur l’infiltration de la police par un mouvement islamiste. Pour M.Frachon, éditorialiste au Monde, «le pouvoir mène une campagne d’intimidation contre tout ceux qui osent le critiquer».

Arrestations de journalistes suspectés d'avoir des amitiés pro-kurdes

(Guysen TV, le 21/12/2011)


La confrérie de Fethullah Gülen étend son empire
Les investigations journalistiques ont mis à jour la place grandissante prise par une confrérie islamiste dirigée par un turc habitant en Pennsylvanie, Fethullah Gülen. Cette communauté possède le principal groupe de presse de Turquie, qui contrôle notamment Zaman, le premier quotidien du pays, avec souvent près d'un million d'exemplaires.

Imam, Fethullah Gülen, 70 ans, a construit un groupe présent dans le monde entier et dans nombre de secteurs de l’économie, dont la banque, le BTP, la santé, l'action humanitaire, la presse et les écoles. Des hommes d'affaires rejoignent le conglomérat, qui pour certains s’est mis au service d’Erdogan. L’influence de la confrérie au sein de l’Etat inquiète les milieux laïcs.

Internet: un filtre qui pose problème
Le 22 septembre 2011, le pouvoir a mis en place un Conseil de la Communication et l’Information technologique. Sous couvert de protéger les internautes et les mineurs contre des contenus « choquant », un filtrage a été institué sur la toile par cet organisme.

Pour RSF, ce système facultatif est « liberticide », car si des sites à caractère pornographiques sont bloqués, les termes relatifs aux mouvements séparatistes kurdes sont sur une liste noire. 130 mot-clés sont actuellement jugés dangereux, dont «belle-mère », « inceste » ou « gay ». RSF demande que « la définition de ce qui est choquant ou non soit laissé au libre choix des familles ».
 

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