Elections municipales en Turquie : le parti du président Recep Tayyip Erdogan espère reprendre la mairie d'Istanbul

Le chef de l'Etat s'est fortement impliqué en vue du scrutin de dimanche, qui s'avère crucial dans la perspective de la présidentielle de 2028.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le président turc, Recep Tayyip Erdogan (à droite), participe à un meeting aux côtés du candidat de l'AKP à la maire d'Istanbul, Murat Kurum (à gauche), le 30 mars 2024, à Istanbul (Turquie). (MUSTAFA KAMACI / ANADOLU / AFP)

C'est un scrutin local à valeur de test pour le pouvoir en place. Quelque 61 millions d'électeurs sont appelés aux urnes, dimanche 31 mars, en Turquie, pour choisir leurs maires. Le président, Recep Tayyip Erdogan, s'est personnellement investi dans la campagne, notamment à Istanbul, où il espère laver l'affront de 2019, quand l'opposition avait ravi à son parti la mairie de la principale ville du pays

Samedi, à la veille du scrutin, Recep Tayyip Erdogan a tenu trois meetings à Istanbul, qualifiée de "joyau" et de "trésor national". Il fut maire de la ville dans les années 1990, avant de prendre la tête de la Turquie. Son candidat pour Istanbul est un ancien ministre peu charismatique, Murat Kurum, dont le portrait apparait généralement flanqué du sien sur les bannières électorales.

"Istanbul a été abandonnée à son sort ces cinq dernières années. Nous aspirons à la sauver du désastre", a lancé le chef de l'Etat, avant d'aller prier à la mosquée Sainte-Sophie. Il a dépeint l'édile sortant, Ekrem Imamoglu, en ambitieux peu soucieux de sa ville, un "maire à temps partiel" qui serait obsédé par la présidence. En cas de reconduction sur les rives du Bosphore, l'opposant fera figure de favori pour la présidentielle de 2028. Les sondages lui donnaient l'avantage en fin de semaine.

L'opposition divisée 

A 70 ans, Recep Tayyip Erdogan a mis tout son poids d'homme d'Etat dans la campagne. Il a labouré son pays de 85 millions d'habitants aux côtés des candidats de son parti islamo-conservateur, l'AKP. Il a tenu jusqu'à quatre meetings par jour et partagé chaque soir l'iftar, le repas de rupture du jeûne de ramadan.

Contrairement aux municipales de 2019, l'opposition part en ordre dispersé. La principale formation, le CHP, parti social-démocrate, n'a pas réussi à obtenir le soutien des autres mouvements. Le parti pro-Kurde Dem, en particulier, fait cavalier seul, au risque de favoriser le parti au pouvoir, lui-même menacé par endroits par la poussée du parti islamiste Yeniden Refah.

Dans un pays confronté à 67% d'inflation officielle sur douze mois et au dévissage de sa monnaie, les électeurs pourraient être tentés de donner l'avantage aux opposants au chef de l'Etat. Pour les observateurs, le niveau de la participation, traditionnellement élevée, jouera un rôle déterminant. Notamment à Istanbul, si les électeurs se déplacent en moindre nombre pour soutenir Ekrem Imamoglu.

"Si Imamoglu parvient à se maintenir, il aura gagné sa bataille au sein de l'opposition pour s'imposer" comme chef de file pour la prochaine présidentielle, observe Bayram Balci, chercheur au Centre d'études et de recherches internationales de Sciences-Po. Mais à l'inverse, "s'il arrive à regagner Istanbul et Ankara, Erdogan y verra un encouragement à modifier la Constitution pour se représenter en 2028" et briguer un quatrième mandat, relève-t-il.

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