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«Obama propose à la Russie un nouveau partenariat militaire en Syrie»

Sous ce titre surprenant, le quotidien américain «Washington Post» révèle une nouvelle proposition de coopération militaire à Vladimir Poutine dans la lutte contre les organisations terroristes en Syrie. En échange, l’administration américaine attend de Moscou des pressions sur le régime d’Assad afin qu’il cesse ses bombardements contre les rebelles qu’elle soutient.
Article rédigé par Alain Chémali
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min

Confronté à l’inextricable casse-tête du conflit syrien et pressé de l’intérieur par des diplomates dissidents, qui réclament ouvertement une intervention contre le régime syrien, Barack Obama a fait une nouvelle proposition à Vladimir Poutine.
 
Après des semaines de discussions et de délibérations internes, l’administration américaine a transmis au gouvernement russe une proposition d’accord militaire pour combattre le terrorisme en Syrie.
 
Le point crucial de cet accord, a confié un officiel au journaliste du Washington Post, est la promesse américaine d’une coopération avec l’aviation russe pour cibler et coordonner une vaste campagne de bombardements contre le Front al-Nosra, la branche syrienne d’al-Qaïda.
 
Une coopération militaire entre Américains et Russes à un niveau sans précédent
Cette proposition, approuvée personnellement par le président et fortement soutenue par le secrétaire d’Etat John Kerry, constituerait «une coopération entre militaires américains et russes à un niveau sans précédent, que la Russie recherchait depuis un moment», écrit le journaliste Josh Rogin.
 
En échange, les Russes doivent s’engager à faire pression sur le régime de Bachar al-Assad pour qu’il cesse de bombarder certains groupes rebelles que les Etats-Unis ne classent pas dans la catégorie «terroristes». Comprendre les combattants syriens armés et soutenus par Washington sur le terrain. 
 
Pour cela, les services américains ne fourniront pas de renseignements sur la localisation exacte de ces groupes. Ils indiqueront seulement des zones géographiques que les raids du régimes devront éviter.
 
Le journal précise également que le secrétaire à la Défense, Ashton Carter, était opposé à un tel plan, mais que c’est la décision présidentielle qui l’a emporté.

Des doutes sur la volonté de Moscou de faire pression sur Damas 
Autres réticences à ce réajustement de la stratégie américaine, des diplomates dissidents qui réclamaient à Obama une intervention contre le régime d’Assad pour mettre fin aux tueries.
 
Pour l’ancien ambassadeur américain en Syrie, qui partage les critiques de ces dissidents, ce nouveau plan est défaillant par définition pour plusieurs raisons. «Il est clair que les Russes n’ont aucun intention de mettre la pression à Assad, affirme Robert Ford, et quand ils ont essayé ils ont obtenus des résultats insignifiants de la part des Syriens».
 
Toujours selon Ford, il reste difficile de faire la distinction entre le Front al-Nosra et les autres groupes rebelles, qui se côtoient souvent, et intensifier les bombardements sur les djihadistes de la branche syrienne d’al-Qaïda pourrait causer des dommages collatéraux, y compris la mort de nombreux civils.
 
Officiellement, l’objectif prioritaire de Washington n’est pas de mettre un terme à la guerre civile en Syrie, que la Maison Blanche estime insoluble, ou de forcer le président Assad à partir.
 
«Nous voulons maintenir la violence à son niveau le plus bas possible, le plus longtemps possible, a encore précisé la source des révélations. «Ce que nous devons chercher c’est une alternative. Et l’alternative est entre le niveau de violence que nous avons vu ces derniers mois ou assiter à des violences pires encore», a-t-il ajouté.

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