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L’Iran se pose en défenseur du désarmement nucléaire et de la démocratie à l’ONU

Entre Barack Obama qui se dit prêt à travailler avec la Russie et l’Iran sur la Syrie, et Vladimir Poutine qui propose une large coalition anti-terroriste, incluant la Syrie et l’Iran, Téhéran jubile. Devant l’assemblée générale de l’ONU, le président Rohani s’est félicité du nouveau chapitre ouvert entre son pays et la communauté internationale et propose son aide pour régler les conflits.
Article rédigé par Alain Chémali
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3 min
Le président iranien Hassan Rohani et le président russe Vladimir Poutine ont affiché «un bon consensus sur les questions régionales», le 28 septembre 2015 à New York, en marge de l'assemblée générale de l'ONU.  (Michael Klimentyev/RIA Novosti)

Fort du récent accord sur le nucléaire avec les cinq pays du conseil de sécurité et l’Allemagne, le président de la République islamique n’a pas caché, à l'ONU, la satisfaction de son pays d’avoir récupéré une place dans le concert des nations.
 
«J’annonce fièrement qu’un nouveau chapitre a commencé dans les relations entre l’Iran et le monde», a-t-il dit dans son allocution à la tribune des Nations Unies, estimant que cet accord avait «dissipé le spectre d’une nouvelle guerre et qu’il pouvait servir de base pour d’autres changements fondamentaux au Moyen-Orient.»

Hassan Rohani plaide pour le désarmement du «régime sioniste» 
Il réclame désormais un désarmement nucléaire «plein et entier», avec Israël en ligne de mire. Il attend en effet «la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, qui ne permette pas au régime sioniste de rester le seul obstacle à la réalisation de cette initiative importante.»
 
Concernant la situation de son allié stratégique syrien, Hassan Rohani n’a à aucun moment prononcé le nom de Bachar al-Assad. Il s’est contenté de souligner que «la menace la plus importante et la plus grave contre le monde aujourd’hui est de voir des organisations terroristes devenir des Etats terroristes.»
 
Comme en écho à la proposition de la Russie, il a appelé le monde entier, et les pays de la région en particulier, à constituer un front uni pour lutter contre le terrorisme et ouvrir la voie à la démocratie.
 
Dénoncé par les pétromonarchies du Golfe pour ses ingérences dans plusieurs Etats arabes, le président iranien a fait le dos rond. Il a préconisé une refondation des rapports avec les pays voisins sur la base des intérêts communs par «le dialogue» et «le développement des échanges économiques», meilleurs moyens, selon lui, d’assurer sécurité et stabilité.

​L'Iran veut aider à rétablir la démocratie en Syrie et au Yémen
Un objectif pour lequel il propose les services de la République islamique : «De même que nous vous avons aidés à rétablir la démocratie en Afghanistan et en Irak, a-t-il affirmé sans sourciller, nous sommes prêts à aider à rétablir la démocratie en Syrie et au Yémen.»
 
Toutefois, en préambule à son discours onusien, Hassan Rohani avait pris soin de préciser que son pays était en deuil pour les 226 ressortissants iraniens morts dans la gigantesque bousculade de la Mecque et dénoncé l’incompétence des autorités saoudiennes.
 
Associée à l’exigence par le guide suprême en personne d’excuses de la part du royaume pour ce désastre, son invitation au dialogue a peu de chance d’être entendue pour le moment dans les pays du Golfe.
 
Cheikh Tamim bin Hamad al-Thani, l’émir du Qatar, qui a pris la parole dans sa foulée, a estimé que l’accord entre l’Iran et les 5+1 était positif et qu’il représentait une étape importante pour éradiquer de toute la région les armes nucléaires et de destruction massive.
 
Sur les relations bilatérales entre l’Iran et le Qatar, l’émir Bin Hamad a assuré qu’elles évoluaient de manière régulière sur la base des intérêts communs. Les deux pays ont en effet un immense gisement gazier off-shore en partage et sont «condamnés» à s’entendre.

Pour le Qatar, toute solution passe par la fin de toutes les milices 
«Aucun différends religieux entre nos deux pays n’est à signaler», a déclaré Cheikh Tamim, «les différends existants, à mon sens, sont politiques, entre Arabes et Iraniens plutôt qu’entre sunnites et chiites, et ils peuvent être réglés par le dialogue.»
 
Accusé cependant de financer la rébellion islamiste en Syrie, le Qatar se pose, pour sa part, en bouclier et fer de lance du camp sunnite. Il contre-attaque en dénonçant «l’existence de milices illégitimes», comprendre téléguidées par Téhéran, en Irak et au Yémen, «qui font planer une menace sur l’Etat et son droit exclusif à créer des forces armées.»
 
Pour lui, «toute solution en Irak, au Yémen, en Syrie et en Libye doit passer par la fin de toutes les milices.»

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