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Les stocks d'armes chimiques du régime Assad

L’opposition syrienne a accusé l’armée d’avoir fait usage d’armes chimiques le 21 juillet 2013 contre des positions rebelles qui auraient fait 1300 morts. Ce que Damas a catégoriquement démenti. Ce n’est pas la première fois que de telles accusations sont proférées. Le point sur le mystérieux arsenal chimique syrien, considéré comme l’un des plus importants au Proche-Orient
Article rédigé par Laurent Ribadeau Dumas
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Photo d'un homme souffrant d'un problème respiratoire à Jesreen, dans la banlieue de Damas, le 21 août 2013. Selon les rebelles syriens, cet homme a été touché par des émanations de gaz sarin lors d'une attaque à l'arme chimique déclenchée par l'armée du régime Assad. (Reuters - Ammar Dar)
L’attaque chimique, d'une ampleur sans précédent, aurait eu lieu le 21 août 2013 dans la banlieue est de Damas. Elle a fait plus de 1300 morts, selon l’opposition. Des vidéos ont été diffusées par les rebelles. Ces informations sont «totalement infondées», a répliqué l’armée.

Réunis le 21 août à huis clos, le Conseil de sécurité de l'ONU a dit vouloir «faire la lumière» sur cette affaire. De nombreux pays ont demandé qu'une équipe d’experts de l’ONU, qui se trouve déjà sur place, se rende sur les lieux. Ces spécialistes sont chargés d’enquêter sur l’usage éventuel de tels matériels dans le conflit.

Déjà en mars 2013, le régime et les rebelles s’étaient mutuellement accusés d’en avoir utilisé. Le Royaume-Uni, la France et les Etats-Unis ont affirmé que l'armée syrienne y avait eu recours à plusieurs reprises. De son côté, la Russie, alliée de Damas, dit avoir la preuve que les rebelles ont fait usage de gaz sarin en mars près d'Alep (nord).

Le 23 juillet 2012, le régime syrien a reconnu pour la première fois posséder un tel armement. «Aucune arme chimique ou non conventionnelle ne sera utilisée contre nos propres concitoyens», avait alors affirmé le ministère des Affaires étrangères. Ils ne le seront qu’«en cas d’agression étrangère», ajoutait-il.

Le programme chimique syrien a débuté dans les années 1970, avec l'aide de l'Egypte puis de l'ex-URSS. Objectif : «contrebalancer le programme nucléaire d’Israël», selon un spécialiste de l’Institut international d’études stratégiques cité par l’AFP. La Russie dans les années 1990, puis l'Iran depuis 2005, lui ont également fourni un soutien, affirme la Nuclear Threat Initiative, une organisation indépendante recensant les données «ouvertes» sur les armes de destruction massive. D'importantes informations sur ce programme auraient été collectées auprès d'officiers ayant fait défection, mais elles seraient loin d'être complètes.

Quelles armes chimiques ?
L’arsenal chimique syrien est considéré comme l’un des plus importants au Proche-Orient. Mais il continue à faire l’objet de rumeurs et de supputations tant les informations sont rares. A noter que la Syrie n’a pas ratifié la Convention de Paris (1995) qui interdit l’usage, la mise au point et la fabrication de telles armes.

Selon des experts occidentaux, Damas posséderait un stock de plusieurs centaines de tonnes d’agents chimiques. Parmi eux : les redoutables gaz sarin (considéré comme l’une des armes les plus mortelles jamais conçues par l’homme), moutarde (utilisé pendant la Première guerre mondiale) et VX.

Ces armes seraient placées sous la responsabilité d’un organisme dépendant de l’armée de l’air, appelé Unit 450 et considéré comme «l’un des plus fidèles au régime». Selon le Congrès américain, elles pourraient être entreposées à Safira, près d’Alep, à Damas, Hama, Lattaquié et Homs. L’ONG Global Security évoque aussi un site à Cerin (sur la côté méditerranéenne).

Le régime Assad disposerait par ailleurs des indispensables vecteurs pour frapper les adversaires : missiles Scud, obus d’artillerie…

L’inquiétude d’Israël
Les Etats-Unis ont déjà explicitement évoqué une possible intervention militaire pour sécuriser, voire neutraliser, les stocks d’agents chimiques. «Si nous commencions à voir des quantités d’armes chimiques déplacées ou utilisées», ce serait une «ligne rouge» qui aurait d’«énormes conséquences», a ainsi averti le président américain, Barack Obama, en août 2012. Pour l’instant, il faut croire que cette «ligne rouge» n’a pas été franchie.

De son côté, l’Etat hébreu a souligné qu’il «ne peut pas se permettre d’attendre le déclenchement d’une guerre» pour se préoccuper du dossier. Il a même peut-être d’ailleurs déjà agi… Le 29 janvier 2013, son aviation a ainsi mené en territoire syrien un raid qui a possiblement visé un centre de recherche militaire. Aux dires de la presse israélienne, il pourrait s’agir du Centre de recherches et d’études scientifiques, «responsable du développement d’armes chimiques et biologiques, et de leur transfert au Hezbollah et au Hamas».

Accusation d'utilisation d'armes chimiques en Syrie

euronewsfr, 21-8-2013

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