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En Syrie, la guerre de la propagande fait des ravages

Depuis l’entrée dans le conflit de l’aviation russe, les média internationaux se sont rangés dans deux camps. L’un, pro-occidental, affirme que la Russie frappe sans distinction Daech et les rebelles anti-Assad. Le camp russe, lui, claironne.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 1 min
Un Sukhoï SU-34 décolle de la base de Khmeimim, en Syrie.

La guerre en Syrie divise également les médias. L’intervention russe, à coups de raids aériens a fortement clivé la presse qui parle, pour les uns d’un échec, et pour les autres de succès sans précédent. Et, faute de médias occidentaux sur zone, les reportages «embedded» de RT avec l’armée syrienne sont les seuls à nous donner une idée du conflit.
 
Que dit RT ? Pour faire court, que grâce aux frappes russes, l’armée syrienne gagne du terrain. Les combattants de Daech et d’al-Nosra reculent. Des frappes redoutables mais intelligentes, insiste Murad Gazdiev, le reporter. Les bombes des Sukhoï font des cratères impressionnants, et pourtant la mosquée est intacte.
 
 
Un début de reconquête corroboré par Al-Jazira sur son site internet. Pourtant, RFI reprend une information de Reuters qui met en avant la contre-productivité des frappes. Selon l’agence de presse, des villages de la région d’Alep seraient désormais contrôlés par Daech qui a profité des bombardements et du départ de troupes rebelles modérées qui contrôlaient ces zones.
 
The Guardian reprend le même thème. Selon le quotidien britannique, qui cite un porte-parole de l’Armée syrienne libre, «les Russes ont apporté un bon soutien à Daech. C’est ce qu’ils voulaient faire en attaquant le peuple syrien. Le pire désastre pour eux serait de découvrir qu’une véritable opposition (à Bachar) demeure forte.»
 
Toujours dans le Guardian, Adnan Kanjo, le chef du conseil municipal du village de Derrat al-Izza, parle de destructions terribles dues aux frappes. «Nous n’avons pas vu Daech depuis plus d’un an. Leurs positions sont à 60 km de là. Les bombardements ont juste touché des civils.»
 
Dès le début des frappes, le Département d’Etat américain dénonçait le choix des cibles de l’aviation russe. A présent, selon les Etats-Unis, 90% des frappes ne touchent ni Daech ni les groupes affiliés à al-Qaïda. Parole contre parole, la Russie parle de 53 cibles de l’EI bombardées par son aviation.
 
Une confusion totale règne sur le champ de bataille syrien. Confusion qui n’épargne pas la France. Son attaque d’un camp d’entrainement de Daech aurait entraîné la mort de six Français combattants. Chiffre dont on ignore la source, mais qui porte en lui toutes les polémiques imaginables.

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