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Mort de la fille d'Alexandre Douguine : l'idéologue russe est "infréquentable même pour quelqu'un comme Vladimir Poutine", affirme un spécialiste

Daria Douguina, la fille de ultra-nationaliste russe Alexandre Douguine, a été tuée samedi soir dans l'explosion de sa voiture. Un idéologue jugé "infréquentable même pour Vladimir Poutine", estime un spécialiste.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Des enquêteurs travaillent sur le site de l'explosion du véhicule dans laquelle Daria Douguina est morte, le 21 août, dans les environs de Moscou. (HANDOUT / INVESTIGATIVE COMMITTEE OF RUSSI)

La fille de l'idéologue russe ultra-nationaliste, proche du Kremlin et fervent soutien de l'opération militaire russe en Ukraine, Alexandre Douguine, a été tuée dans la nuit du samedi 20 au dimanche 21 août dans l'explosion de sa voiture dans la région de Moscou. Alexandre Douguine "est tellement ultra qu'il est infréquentable, même pour quelqu'un comme Vladimir Poutine" qui a tout de même "repris un certain nombre de ses théories", a analysé ce dimanche sur franceinfo l'enseignant à Sciences Po et spécialiste des questions internationales, Nicolas Tenzer, au lendemain de la mort de la fille de l'idéologue russe, Daria Douguina, journaliste et politologue, qui affichait elle aussi un soutien ouvert à l'offensive russe en Ukraine.

franceinfo : Qui est Alexandre Douguine ?

Nicolas Tenzer : C'est un idéologue russe de 60 ans, très proche de l'extrême droite européenne et notamment française, connu pour ses opinions antisémites, ultranationalistes, pour son flirt aussi avec certains aspects du nazisme... Il est également le grand défenseur de ce qu'on appelle l'eurasianisme une doctrine fortement soutenue par Poutine lui-même, qui vise à créer une forme de grande Russie, à rassembler tous les peuples slaves sous l'emprise de Moscou. 

"Alexandre Douguine est aussi très favorable à la guerre en Ukraine. En 2014, il avait même dit qu'il fallait tuer tous les Ukrainiens".

Nicolas Tenzer

à franceinfo

Vous parliez d'influences jusqu'en France, c'est-à-dire ?

Il a rencontré régulièrement des personnalités comme Marion Maréchal ou Jean-Marie Le Pen, ainsi qu'un certain nombre d'idéologues très proches de l'extrême droite. Il y a derrière lui une sorte de syncrétisme un peu mystique, un peu païen... Donc il a une influence, également dans d'autres pays.

Est-il proche de Vladimir Poutine ?

Non, il n'est pas véritablement proche. D'abord parce qu'Alexandre Douguine est tellement ultra qu'il est infréquentable, même pour quelqu'un comme Vladimir Poutine. Même si le président russe a repris un certain nombre de ses théories, notamment ce fameux eurasianisme qui consisterait à créer une Europe de Lisbonne à Vladivostok. Vladimir Poutine a donc pris des éléments chez Alexandre Douguine, comme chez d'autres nationalistes, pour créer cette sorte de syncrétisme qu'est le poutinisme.

Qui peut avoir commis cette attaque, selon vous ?

Ce n'est certainement pas l'Ukraine qui a commis cet attentat, pas plus que des services étrangers. C'est totalement impossible. Est-ce que ce sont des courants différents au sein des services de sécurité ? Est-ce que ce sont des groupes mafieux ? Il faut attendre pour le voir, même si on ne peut pas vraiment considérer que l'enquête menée par les services russes sera totalement fiable. Mais en tout cas, la source est certainement interne à la Russie.

Cette tentative d'assassinat peut-elle avoir des conséquences sur la guerre en Ukraine ?

Oui, bien sûr. Elle peut être exploitée par le Kremlin et servir de prétexte à de nouvelles attaques à l'occasion de l'anniversaire, le 24 août, de l'indépendance de l'Ukraine. Avant même cet attentat, le président Zelensky a d'ailleurs alerté le monde sur des risques d'actions plus violentes, encore plus meurtrières, de la Russie contre l'Ukraine.

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