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Brexit : les économistes sont inquiets pour le Royaume-Uni

Le monde de la finance est unanime. Le Royaume-Uni sera affaibli par sa sortie de l'Europe. L'incertitude sur la négociation des traités, la perte du marché unique européen vont ralentir l'économie britannique.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min

Les grands noms de l’économie comme George Soros, ou les milliardaires comme Warren Buffet, évoquent les risques de grande instabilité. Soros annonce une baisse de valeur de la livre de 15%.
L’ancien président de la Réserve fédérale américaine, Ben Bernanke, se montre aussi très pessimiste. Selon lui, les services financiers et, globalement, tout ce qui participe à l’économie mondiale et a besoin de l’accès sans entrave aux marchés, seront sous pression.
Et de toute manière, précise-t-il, Londres sera obligé d’accepter les règles de Bruxelles pour pouvoir vendre en Europe.

Les Nobel contre le Brexit
Dans une lettre ouverte publiée par le journal britannique The Guardian, dix prix Nobel d’économie, dont le Français Jean Tirole, donnent leur avis sur le Brexit. Ils considèrent que le Royaume-Uni serait mieux loti économiquement au sein de l’UE. «Les entreprises et les travailleurs britanniques, disent les Nobel, ont besoin d’un accès complet au marché unique. En sortir, va créer de l’incertitude quant à la signature des futurs traités commerciaux, que ce soit avec l’Europe où les autres grands marchés comme les Etats-Unis, le Canada et la Chine. Une incertitude qui va durer plusieurs années.»

Les agences de notation critiques
Mauvaise nouvelle également pour le Royaume-Uni: les agences de notation Standard & Poor’s et Fitch ont abaissé la note de la dette britannique, la passant de AAA à AA. Elles rejoignent Moody’s qui, dès le 24 juin, a passé à «négative» la perspective sur la dette.
L'agence estime que l'incertitude créée par ce vote va provoquer un «brusque ralentissement de la croissance à court terme du PIB» car les entreprises vont reporter des décisions d'investissement.

Repli xénophobe
L’économiste français en vogue,Thomas Piketty, n’est pas tendre vis-à-vis du Royaume Uni comme il l’écrit sur son blog.                                                 
«Cette attitude de repli xénophobe (…), a quelque chose de profondément nihiliste et irrationnel : ce n’est pas en stigmatisant toujours plus les travailleurs immigrés et les pays et cultures étrangères que l’on va résoudre les problèmes, bien au contraire.
Et ce n’est évidemment pas en se plaçant en dehors du seul cadre européen existant de délibération collective, aussi imparfait soit-il, que le Royaume-Uni va trouver sa voie.»
Clairement dit: les Britanniques n’ont rien à gagner de cette sortie, bien au contraire.
 
Mais selon lui, il faut reconstruire l’Europe, au risque d’affronter une succession de Brexit. Car il reconnaît aussi une grande part de responsabilité aux instances européennes «toutes entières tournées vers le principe d’une concurrence toujours plus pure et plus parfaite entre territoires et entre pays, sans socle social et fiscal commun». Et, ajoute-t-il, qui n’a jamais été une «force efficace de régulation du capitalisme mondialisé et financier en plein essor depuis les années 1980-1990.»

Et la France dans tout ça? Comme le reste de l'Europe, elle n'échapera pas à une grande période d'instabilité. Selon l'économiste Marc Touati, «nous sommes à la veille d'une récession européenne.»

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