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Violences djihadistes au Liban : Paris envoie des armes

La guerre civile syrienne s'est invitée au Liban. L'armée est intervenue contre des djihadistes venue de la Syrie voisine. Sans doute des combattants liés à l'EI (Etat islamique). Une situation difficile pour un pays dans lequel les divisions religieuses sont toujours synonymes de danger.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Obsèques de soldats libanais tués lors de la bataille d'Arsal, ville prise par des jihadistes syriens. 3 août 2014.

Le Liban, jusque là indirectement touché par la guerre en Syrie (dans laquelle le Hezbollah est intervenue du côté du pouvoir syrien), est désormais happé  par ce conflit avec les combats de son armée contre les djihadistes ayant pris le contrôle d'une ville dans l'est du pays en tuant seize soldats.

L'armée libanaise a répliqué au canon sur les djihadistes camouflés dans les collines surplombant Aarsal, une localité sunnite entourée d'agglomérations chiites, à 130 km au nord-est de Beyrouth. Seize militaires, dont deux officiers, ont été tués ainsi que des dizaines d'hommes armés dans les combats qui ont débuté samedi après l'arrestation d'Imad Ahmad Jomaa, un chef du Front al-Nosra, branche syrienne d'al-Qaïda, selon une source militaire.

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné lundi 4 août 2014 les attaques menées par des «groupes extrémistes» contre l'armée libanaise dans la région d'Aarsal et a exprimé son soutien «aux efforts des forces armées libanaises pour lutter contre le terrorisme».
 
Sur le terrain, les combats continuent. «Près du dernier barrage de l'armée, avant la zone de combat (les militaires interdisent aux voitures d'aller plus loin), on peut observer sur la colline voisine des colonnes de fumée qui témoignent de l'intensité des affrontements entre l'armée et les djihadistes de l'État islamique (EI, ex-Daech) et du Front al-Nosra qui se sont emparés, il y a quelques jours, du village frontalier de Ersal», note la journaliste Suzanne Baaklini du quotidien libanais francophone l’Orient le Jour.

Les témoignages recueillis par la journaliste du quotidien libanais font état d’une grande violence contre les habitants de la ville (30.000 habitants) occupés par les djihadistes : «Ils nous ont décrit les hommes armés comme des monstres sans foi ni loi, dit un homme. Quand ils se sont emparés de huit chars de l'armée, ils ont effectué des tournées dans le village, terrorisant la population qui se terre dans les maisons. Ils tuent les civils pour un rien comme cet homme qui avait osé fumer le narguilé. Le plus frappant, c'est que la population n'a vraiment évalué le danger que lorsqu'il était trop tard. C'est du jour au lendemain que ces hommes ultra-armés sont sortis des camps de réfugiés syriens où ils se cachaient, rejoints par d'autres descendus des montagnes environnantes. Les habitants de Ersal se sont trouvés pris en tenaille».

Le Liban accueille de très nombreux réfugiés syriens sur son sol, environ un million de personnes (soit quasiment le quart de la population libanaise). 

Mais jusqu’à présent, la guerre ne s’était pas invitée trop directement sur le territoire libanais. Seul le Hezbollah, qui fait partie de l’union nationale au pouvoir au Liban, était intervenu sur le territoire syrien aux côtés des forces officielles syriennes.

Les combat ont commencé après l'arrestation du leader du groupe par les autorités libanaises, sans que l'on sache si les attaques contre l'armée libanaise était programmée. 
«Ahmad Jomaa est un Syrien qui a sa propre brigade, Liwa' fajr al-Islam, et a fait récemment allégeance à l'État islamique», explique Romain Caillet, chercheur et consultant sur les questions islamistes dans l’Orient le Jour. Ce spécialiste reste prudent sur les suites de cette explosion de violences. «Il est difficile de prévoir la suite des événements, mais je pense que pour les djihadistes, l'objectif de cette offensive est de s'implanter au Liban. Quant au réveil d'autres foyers djihadistes dans le pays, il y a eu un regain de violence à Tripoli ce week-end et des rassemblements d'hommes armés dans certains quartiers de Beyrouth, mais ils ont été contenus quand une trêve a été instaurée dimanche soir. Il va falloir voir comment la situation évolue dans les jours à venir».
 
Face aux besoins de l’armée libanaise, Paris a indiqué s'activer pour «répondre rapidement aux besoins du Liban». La France devrait donc livrer des armes au Liban, pour lutter contre les combattants islamistes, opposés au régime syrien. Il y a un an, Paris était sur le point d’intervenir contre le pouvoir d’Assad à Damas.

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