Cet article date de plus de huit ans.

Des réfugiés syriens dans les plantations de cannabis du Liban

Article rédigé par Laurent Filippi
France Télévisions
Publié
Le conflit syrien a contraint de nombreuses personnes à trouver refuge dans les pays voisins. Certains sont partis au Liban, où ils récoltent le cannabis. Une agriculture très développée dans la plaine de la Bekaa.

13 photos d’Alia Haju illustrent ce propos.

beaucoup de Syriens ont fui pour le Liban. Certains se sont réfugiés dans la plaine de la Bekaa, connue pour ses plantations de haschich. Si la production de cette drogue avait tendance à se stabiliser depuis des années, elle a repris de plus belle, les forces libanaises étant occupées à protéger leurs frontières et contrôler l’arrivée massive des réfugiés sur leur territoire (plus d’un million). (REUTERS / Alia Haju)
mais dans la Bekaa, la production de haschich est sous le contrôle du Hezbollah chiite qui combat aux côtés du régime syrien. Cette région a toujours été considérée comme une terre de trafics où l'appartenance clanique prime sur le respect de l'Etat. Si le Hezbollah se dit opposé à ce trafic, il est accusé par ses détracteurs de fermer les yeux et même de prélever un «impôt» pour financer certains groupes armés. Le montant du trafic est évalué entre 4 et 5 milliards d’euros. (REUTERS / Alia Haju)
explique un propriétaire terrien libanais. Pour certains producteurs, le conflit syrien a eu l’avantage d’empêcher que leurs cultures de hachich ne soient détruites car l’Etat a d’autres chats à fouetter. De plus, les frontières sont plus poreuses pour le trafic, car les «hajjana», les gardes-frontières syriens, ont été remplacés par l'armée qui n’a plus le temps d’éradiquer comme auparavant des milliers d'hectares.  (REUTERS / Alia Haju)
Dans le passé, ils n’avaient pas hésité à prendre les armes contre les forces de sécurité pour sauver leur gagne-pain. En 2012, ils avaient attaqué les bulldozers militaires à la roquette, accusant le gouvernement de les voler. Cette culture prohibée fait vivre des familles entières de villageois. Quelques hectares peuvent rapporter des dizaines de milliers de dollars par an. Entre un et deux million de dollars pour les plus gros producteurs.  (REUTERS / Alia Haju)
mais dans le secteur de la drogue, cela peut atteindre 10.000 dollars par jour», dit Sharif, un propriétaire terrien et producteur de cannabis. En 2013, des agriculteurs confiaient déjà: «Vu le risque, les 40 grammes qui se vendent 20 dollars au Liban s'achèteront 100 dollars en Syrie et 500 au moment d’arriver en Turquie… Les combattants en Syrie achètent aussi en petites quantités pour consommer.» (REUTERS / Alia Haju)
travaillent souvent dans leur pays dans les champs de coton ou de blé. Maintenant au Liban, ils ramassent les plants de cannabis. C’est durant la guerre civile (1975-1990) que les forces d’occupation syriennes ont implanté des exploitations de cannabis et d’opium dans la Bekaa. Le haschich libanais était alors réputé pour sa grande qualité. Le trafic rapportait des centaines de millions de dollars. Mais sous la pression des Etat-Unis et de l’ONU, des campagnes d'éradication ont été lancées, sans succès. Depuis, les cultivateurs réclament la légalisation du cannabis. (REUTERS / Alia Haju)
chef du Parti socialiste progressiste au Liban, a déclaré: «Il est temps d'autoriser la culture du haschich et d'annuler les mandats d'arrêt contre les personnes recherchées dans ce domaine.»  (REUTERS / Alia Haju)
dit Aïcha, une jeune Syrienne de 15 ans. Ce travail est pratiqué par les migrants syriens depuis de nombreuses années mais auparavant, les mois de récolte terminés, ils retournaient chez eux. Comme le dit un chauffeur à Raqqa, ils ont peur dorénavant de rentrer chez eux. Le nombre de Syriens impliqués dans ce secteur a doublé depuis la guerre. (REUTERS / Alia Haju)
a fui Raqqa il y a trois ans car sa tête est mise à prix par Daech. «Même loin d’eux, j’ai toujours peur», dit-il.  (REUTERS / Alia Haju)
Ses revenus (16 dollars par jour) lui permettent d’aider les autres membres de sa famille restés en Syrie. Elle espère que son mari et son autre fils vont bientôt pouvoir les rejoindre.    (   REUTERS / Alia Haju)
appellation donnée aux garages, fonctionnent toute la journée. C’est ici, que cribleurs et égraineuses transforment le cannabis en poudre. (   REUTERS / Alia Haju)
Certains réfugiés se disent victimes de racisme de la part des Libanais qui les traitent péjorativement de «Daech».  Même si cela est parfois dit sur le ton de la plaisanterie, précise une femme.   (  REUTERS / Alia Haju)
«A Raqqa, mes vêtements doivent recouvrir mon corps de la tête aux pieds, même mes yeux sont dissimulés… Si je devais être habillée comme aujourd’hui avec un jean et un petit foulard sur la tête,  je recevrais des coups de fouets.»  (REUTERS / Alia Haju)

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.