"Ce serait signer leur arrêt de mort" : des enfants atteints de cancers et soignés en Israël menacés d'être renvoyés à Gaza

Les autorités israéliennes demandent le renvoi des jeunes patients gazaouis en rémission d'un cancer soignés dans des hôpitaux de Jérusalem-Est. franceinfo s'est rendu au service d’oncologie pédiatrique de l’hôpital Augusta Victoria à Jérusalem.
Article rédigé par franceinfo
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L'hôpital Augusta Victoria, à Jérusalem-Est, accueille depuis plusieurs semaines des enfants malades venus de Gaza. (THIBAULT LEFEVRE / FRANCEINFO)

Des enfants de Gaza atteints de cancer, soignés dans des hôpitaux de Jérusalem-Est annexé, vont-ils être renvoyés sur un territoire en guerre ? C’est l’ordre des autorités israéliennes qui s’imposerait aux jeunes patients en rémission. Ils devaient partir, mercredi 27 mars au matin, mais la Cour suprême, la plus haute autorité du pays, a été sollicitée par des associations et les juges ont désormais 30 jours pour décider du sort des malades.

Au service d’oncologie pédiatrique de l’hôpital Augusta Victoria, Amira,12 ans, atteinte d’une tumeur au cerveau, est arrivée le 18 septembre en ambulance de Gaza. La moitié de son corps ne bougeait plus. Après de longues semaines de radiothérapie et de rééducation, elle remarche.

"Là-bas, je ne lui trouverai même pas un Doliprane pour apaiser ses douleurs"

Selon l’ordre des autorités israéliennes, elle est donc candidate à un retour dans l’enclave : "Je ne veux pas repartir à Gaza. Je souhaite que mon père et ma sœur qui sont toujours là-bas, puissent quitter l’enclave. Et nous partirons ailleurs… Là-bas, ils sont en danger. Notre maison a été bombardée. Elle a été réduite en poussière comme le reste de notre territoire. Je prends toujours un traitement pour pouvoir marcher, et pour que ma main fonctionne correctement. Je vous en conjure : arrêtez cette guerre !" La fillette éclate en sanglots.

"Gaza, c’est toute ma vie, mais j’ai toujours besoin de soins ici. Je ne peux pas aller vivre sous une tente"

Amira, 12 ans, atteinte d'une tumeur au cerveau

à franceinfo

Sa maman, Imane, tente de la réconforter : "Ma peine et ma douleur sont immenses. Parfois, Amira me dit qu’elle veut rester ici, et d’autres fois que son père et sa sœur lui manquent tellement qu’elle est prête à rentrer à Gaza et mourir à leurs côtés. Je suis démunie. Je demande de l’aide aux médecins ici. Je suis dévastée. Je dois rester forte pour ma fille, mais je n’ai plus de force. Rentrer à Gaza ? Là-bas, je ne lui trouverai même pas un Doliprane pour apaiser ses douleurs. Et en même temps, j’ai mon autre fille qui m’appelle, et qui me dit 'Je veux ma maman.'"

Le Docteur Fadi Al-Atrache, le directeur de l'hôpital, refuse de renvoyer ces enfants malades à Gaza : "Ce serait signer leur arrêt de mort". (THIBAULT LEFEVRE / FRANCEINFO)

Cinquante patients gazaouis sont soignés à l’hôpital Augusta Victoria. Depuis quelques jours, toute la communauté médicale se bat pour les garder. Le docteur Fadi Al-Atrache est le directeur de l’établissement : "Je ne peux pas les renvoyer à Gaza. Ce serait signer leur arrêt de mort. C’est une zone de guerre. Même les personnes normales, en bonne santé ne peuvent pas vivre là-bas… Alors imaginez pour les patients atteints d’un cancer..."

Selon le docteur Al-Atrache, la situation à Gaza est catastrophique. Il n’y a plus de structures de soins adaptées et 10 000 malades du cancer survivent dans des conditions sanitaires déplorables.

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