Reportage Guerre entre Israël et le Hamas : "Les enfants avaient peur en permanence", confie une réfugiée qui a fui le camp de Jénine

Alors que l'armée israélienne multiplie les raids sur les camps palestiniens de Cisjordanie, de nombreuses mères décident de fuir avec leurs enfants. Deux habitantes de Jénine racontent ce nouvel exode.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Un garçon saute au dessus d'une tranchée dans une rue endommagée du camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie, le 8 février 2024. (RONALDO SCHEMIDT / AFP)

Dans l’appartement de Fairouz Ismail, au dernier étage de cet immeuble du camp de Jénine, dans le nord de la Cisjordanie, samedi 24 février, toutes les fenêtres ont été soufflées. Partout, des débris de verres. C’est à cause d’une explosion l’avant-veille, lors du dernier raid de l’armée israélienne. Mais depuis quatre mois, cette Palestinienne a décidé de ne plus dormir dans le camp, la nuit : "Je suis partie du camp de réfugiés car je ne supportais plus ce qu’il s’y passait. Tous les jours, des invasions, des tirs, des frappes... Tu as vu le plafond brisé, tu as vu mes fenêtres ? On ne peut même plus vivre dans cet endroit, ça y est, je pars."

Des maisons transformées "en centre de détention"

Fairouz loue désormais à Burqin, le village voisin, une toute petite chambre, une salle de bain, pour elle et son fils. Elle n'a pas d’argent pour quelque chose de plus grand alors qu’elle vivait, avant, dans 140 m2. À chaque fois, son cœur se serre quand elle revient où elle a vécu plus de 15 ans : "Quand je vois ma maison comme ça, je suis déprimée. Évidemment, on savait que l’armée utilisait la maison comme base, mais là ils viennent de plus en plus. Ils ont même transformé l’endroit en un centre de détention a un moment : ils ont pris les jeunes et ils les ont enfermés ici."

Fairouz Ismail n’est pas la seule à quitter le camp. Amira, une de ses voisines, est partie avec son mari et leurs quatre enfants. "Je n’en pouvais plus, les enfants avaient peur en permanence, le petit dernier ne parlait plus, et moi, mon corps était fatigué en permanence. Si on devait aller à l'hôpital, au cas où il se passait quoi que ce soit pendant un raid, on savait bien que ce n'était pas possible de sortir".

"Il y a eu aussi des fois où on devait acheter des couches ou du lait maternel, mais on ne pouvait plus sortir pendant trois jours".

Amira, réfugiée du camp de Jénine

à franceinfo

"Ma fille, dès qu'elle entend un bruit, elle croit que c'est l'armée et elle entend des drones quand elle dort, poursuit Amira. Alors c'était mieux pour nous de sortir. Je voyais qu'ailleurs les autres enfants pouvaient jouer, je l'ai dit à mon mari. Et depuis, les enfants ne veulent pas revenir."

Parfois, les familles décident au jour le jour. Certaines partent pour de longues périodes, d'autres définitivement. Mais à chaque fois avec la même raison : à cause des raids de l'armée israélienne devenus incessants.

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