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Jérusalem : après des heurts, la police israélienne entre dans la mosquée d'Al-Aqsa

Des affrontements entre juifs orthodoxes et musulmans ont poussé la police israélienne à entrer dans ce lieu saint de l'islam. Explications.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Les forces de sécurité israéliennes arrêtent un Palestinien, après des heurts sur l'Esplanade des mosquées, à Jérusalem, le 26 juillet 2015. (AHMAD GHARABLI / AFP)

Une incursion extrêmement rare. La police israélienne a pénétré, dimanche 26 juillet, dans la mosquée Al-Aqsa, troisième lieu saint de l'islam, situé dans la Vieille ville de Jérusalem. Les forces de l'ordre intervenaient pour mettre fin à des heurts déclenchés après la venue de juifs orthodoxes. La Vieille ville, située dans Jérusalem-Est occupée et annexée par Israël, est à présent quadrillée par d'importants renforts policiers. Explications.

Pourquoi des heurts ont-ils éclaté ?

L'Esplanade des mosquées, que les juifs appellent le Mont du temple et considèrent comme leur premier lieu saint, est gérée par la Jordanie et régie par un statu quo hérité du conflit de 1967. Juifs et musulmans peuvent se rendre sur le site sacré qui surplombe l'ultra-touristique Vieille ville de Jérusalem, mais les juifs n'ont pas le droit d'y prier.

Dans la nuit de samedi à dimanche, les juifs ont entamé les commémorations de Tisha Beav, qui marque, dans leur calendrier,  la destruction des deux temples qui se trouvaient sur l'Esplanade et dont le Mur des Lamentations en contrebas des mosquées en est le dernier vestige. Des milliers d'entre eux se sont rassemblés sans incident devant le Mur des Lamentations mais d'autres, des radicaux, auraient tenté de venir prier aux abords de l'Esplanade.

Pourquoi les policiers sont-ils entrés dans la mosquée ?

Des échauffourées ont éclaté, et des dizaines de policiers israéliens ont investi l'Esplanade, tôt dimanche matin. Ils ont ensuite pénétré "de plusieurs mètres" à l'intérieur d'Al-Aqsa. Sur des photos diffusées par la police, on peut voir les portes en bois du lieu de culte arrachées, des tapis déchirés ainsi que des pierres jonchant le sol.

Selon la police, ce sont "des émeutiers masqués", des musulmans barricadés dans la mosquée, qui "ont commencé a jeter des pierres et des projectiles de l'intérieur de la mosquée en direction des policiers, dont certains ont été blessés". Un photographe de l'AFP a vu au moins six Palestiniens arrêtés, mais aucun bilan officiel n'était disponible dans l'immédiat.

Pourquoi est-ce un sujet sensible ?

Des affrontements similaires ont déjà eu lieu en novembre dernier, et l'Etat hébreu avait alors pris la décision rarissime de fermer l'Esplanade des mosquées, provoquant une crise diplomatique avec la Jordanie. Amman avait rappelé son ambassadeur pour trois mois. Palestiniens, Jordaniens et une partie de la communauté internationale avaient mis en garde Israël contre une modification du statu quo, qui pourrait embraser la région.

Les Palestiniens accusent régulièrement Israël de vouloir remettre en cause le statu quo et de plier face à la pression des ultra-orthodoxes, qui réclament le droit de prier sur l'Esplanade. Le Premier ministre Benjamin Nétanyahou, dément. Mais il existe bien une mouvance ultra-religieuse, représentée par plusieurs députés israéliens, qui milite pour le droit des juifs à prier sur l'Esplanade. Les plus radicaux prônent même la destruction des mosquées et la reconstruction du Temple juif à la place.

En réaction, les Palestiniens mobilisent régulièrement les "mourabitoun", littéralement les "sentinelles", en arabe. Un mouvement, en grande partie informel, qui regroupe des musulmans et des musulmanes qui se rendent sur l'Esplanade en nombre, à chaque visite de juifs ultra-orthodoxes ou à chaque intervention de la police israélienne. D'où des tensions récurrentes autour du lieu considéré comme sacré par les musulmans comme les juifs.

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