Guerre entre Israël et le Hamas : dans le sud de la bande de Gaza, "certaines femmes accouchent dans la rue", dénonce un médecin

À Rafah, à la frontière avec l'Egypte, où se pressent les déplacés, des femmes accouchent dans des conditions sanitaires déplorables, attendant des heures sous des tentes de fortune.
Article rédigé par Thibault Lefèvre - Rami Al Meghari
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
De la fumée après une frappe aérienne israélienne dans le sud de la bande de Gaza, le 17 octobre 2023. (SAID KHATIB / AFP)

Ibrahim n'a que quelques heures. Il est né à Rafah, à la frontière égyptienne, sous une tente. Sa grand-mère, Samia, est en colère. Elle se demande ce que l'enfant a fait pour vivre dans un tel environnement : "Dans quelles conditions va grandir cet enfant ?", lâche-t-elle.

Malgré les tentatives américaines, égyptiennes et qatariennes, la guerre continue à Gaza : les pourparlers sont au point mort entre Israël et le Hamas. La ville de Khan Younès reste l'épicentre des affrontements entre Tsahal et l'organisation islamiste palestinienne dans le sud de Gaza. Le sud de l’enclave, près de la frontière avec l'Egypte, est devenu un immense camp de déplacés où la vie continue tant bien que mal, malgré les combats à proximité. Sous des tentes de fortune, des femmes accouchent dans des conditions sanitaires déplorables.

"Sa mère est allongée par terre. Il n'y a même pas de matelas. Elle n'a pas accès aux toilettes. On est dans la rue, dans le froid. On n'a pas de vêtements pour lui, pas de couvertures. Cet enfant est innocent. Son père, on nous a dit qu'il était mort et d'autres nous disent qu'il est peut-être aux mains des Israéliens", dénonce Samia, la grand-mère du tout petit Ibrahim. 

"Juste après l'accouchement, les mères doivent repartir sous leur tente"

Selon l'ONU, 1,7 million de Gazaouis ont été déplacés depuis le début de la guerre, 60 % d'entre eux s'entassent à Rafah. Ils sont tous les jours plus nombreux avec l'intensification des combats à Khan Younes et il n'y a qu'une seule maternité. Elle est dirigée par le docteur Haidar Abu Sneymeh.

"J'ai 50 lits et deux blocs opératoires. Durant les dernières 24 heures, on a géré 250 accouchements. Je n'ai ni assez de personnel, ni assez de matériel pour faire face à tout ça."

Haidar Abu Sneymeh

à franceinfo

"On n'a même plus de fil de suture, ajoute le médecin. Certaines femmes accouchent dans la rue et celles qui sont admises accouchent par terre dans les couloirs de l'hôpital. Je mets deux bébés par couveuse. Juste après l'accouchement, les mères doivent repartir sous leur tente, sans exception. Même celles qui ont subi une césarienne doivent partir au bout de dix ou douze heures maximum", explique-t-il, désabusé. Dans ce désastre, précise le docteur, les fausses couches et les accouchements prématurés sont en augmentation vertigineuse.

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