Malgré ses 88 printemps, elle a tenu à nous attendre en bas de chez elle, à Gaza. Aïcha Z. habite Gaza depuis 70 ans. De ses années de jeunesse, elle n'a gardé qu'un souvenir précieusement rangé dans son armoire : "Ce sont les clés de ma maison. J'en suis partie à 18 ans, elle est juste de l'autre côté de la frontière, mais je n'ai jamais pu y retourner." Selon l'ONU, Aïcha Z. fait partie de ceux qu'on appelle les réfugiés palestiniens, des familles arabes chassées au moment de la création d'Israël.Gaza, parmi les plus pauvres du Moyen-OrientPlus de 750 000 personnes se réfugièrent dans les zones limitrophes, dont une majorité en Jordanie et près de 200 000 à Gaza. Malgré les résolutions de l'ONU, Israël ne les a jamais autorisés à revenir dans leur maison. 70 ans plus tard, Aïcha Z. et sa famille vivent toujours de l'aide humanitaire fournie par les Nations Unies. "On en a marre de Gaza. Jusqu'à quand devra-t-on réclamer le droit de rentrer chez nous ? questionne un petit-fils d'Aïcha. Un jour doit venir où nous exercerons ce droit."Comme beaucoup de Palestiniens, cela fait trois semaines qu'ils vont manifester à la frontière entre Gaza et Israël. À Gaza, deux habitants sur trois sont considérés comme des réfugiés. Un territoire grand comme trois fois Paris parmi les plus pauvres du Moyen-Orient et les plus densément peuplés au monde. Deux millions d'habitants perpétuellement au bord de l'embrasement.