Écolière pakistanaise, plus jeune prix Nobel de la paix, porte-voix du droit des filles à l’éducation : Qui est Malala Yousafzaï ?
Le 29 mars, la jeune femme devenue une icône de la lutte pour le droit à l’éducation des filles est retournée au Pakistan pour la première fois depuis l’attaque des talibans dont elle a été victime en 2012.
Née en 1997 dans la ville de Minora, dans la vallée du Swat au nord du Pakistan, Malala Yousafzaï grandit dans une famille pachtoune. Son père Ziauddin dirige une école et milite pour le droit à l’éducation.
En 2007, les combattants du TTP, les talibans prennent le contrôle de la région et instaurent un climat de peur. À l’invitation d’un journaliste et encouragée par son père, Malala commence alors à tenir un blog en ourdou hébergé par la BBC. Sous le pseudonyme "Gul Makai", elle y raconte son quotidien de jeune écolière pakistanaise et dénonce les incendies d’écoles de filles par les talibans.
"Une fille avec un livre" crainte des talibans
Son combat pour le droit à l’éducation la fait connaître au-delà des frontières de son pays. Alors que les talibans sont délogés de la vallée du Swat par l’armée pakistanaise en 2009, ils continent de la menacer de mort.
Le 9 octobre 2012, des talibans cagoulés attaquent le bus scolaire dans lequel se trouvent Malala et ses camarades d’école. L’un d’eux monte dans le bus, leur demande "Qui est Malala ?"et tire. La jeune fille de 14 ans est atteinte à la tête et à l’épaule. L’attaque est condamnée par toute la classe politique pakistanaise mais aussi des autorités et organisations internationales.
Grièvement blessée, elle est prise en charge dans des hôpitaux militaires pakistanais avant d’être évacuée au Royaume-Uni quelques jours plus tard. Elle est soignée dans un hôpital de Birmingham spécialisé dans le traitement des soldats blessés en Afghanistan.
"Un enfant, un professeur, un livre et un stylo peuvent changer le monde."
En 2013, Malala fête ses 16 ans en prononçant son premier discours public depuis l’attaque dont elle a été victime, devant l’Assemblée générale des Nations-Unies, renommée pour l’occasion « Assemblée de la jeunesse ». Ovationnée, elle déclare : "La faiblesse, la peur et le désespoir sont morts. La force, la puissance et le courage sont nés."
La même année, elle reçoit le titre de "Femme de l’année" décerné par le magazine Glamour et son autobiographie "Moi, Malala" est publiée dans 21 pays. Elle reçoit également le prestigieux prix Sakharov des droits de l’homme au Parlement européen.
L’année suivante, à 17 ans, elle devient la plus jeune lauréate du prix Nobel de la paix pour sa lutte pour le droit à l’éducation des filles, aux cotés de l’Indien Kailash Satyarth. À propos du prix Nobel, elle explique : "Lorsque j’ai reçu ce prix, j’ai eu la sensation que ce n’était pas que moi qui le recevait, que c’était toutes les filles, cette jeune génération qui a travaillé tellement dur."
Réfugiée au Royaume-Uni, elle entame en 2017 des études de philosophie, de politique et d’économie au sein de la prestigieuse université britannique d’Oxford.
En janvier 2018, elle est invitée à prendre la parole au Forum économique de Davos et adresse un message fort aux femmes : "Nous n'allons pas demander aux hommes de changer le monde, nous allons le faire nous-mêmes, nous allons nous lever pour nous-mêmes, nous allons faire entendre notre voix et nous allons changer le monde."
Retour au Pakistan
Le 29 mars 2018, elle revient au Pakistan pour la première fois depuis la tentative d’assassinat dont elle a été victime. "J'ai toujours rêvé d'aller au Pakistan et là, en paix et sans crainte, je peux me déplacer dans les rues, je peux rencontrer des gens, je peux parler aux gens." explique-t-elle. Accompagnée de ses parents, elle rencontre le Premier ministre Shahid Khaqan Abbasi et visite une école dans sa région d’origine.
Acclamée comme une icône de la lutte pour le droit à l’éducation et à l’émancipation des femmes, Malala demeure controversée dans son pays natal. Alors que certains la considèrent influencée par l’Occident, elle souhaite néanmoins y retourner après ses études. En 2014, elle avait déclaré vouloir devenir Premier ministre du Pakistan.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.