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Glossaire : 10 mots pour mieux comprendre l'islam, le djihadisme ou Daech

Salafisme, wahhabisme, chiisme… Pas toujours simple pour un profane de comprendre les différents mots qui apparaissent régulièrement dans l’actualité. Tentative d’explication à travers un glossaire de A comme Alaouite à Z comme Zaïdisme. Dix définitions basiques pour tenter d'expliquer les termes qui reviennent au fil des informations.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5 min
Image tirée d'une vidéo postée sur un média de Daech montrant Abou Bakr al-Baghdadi lors de sa première apparition publique, en juillet 2014, dans la grande mosquée de Mossoul en Irak.  (AP/SIPA)

Alaouites L'actualité de la guerre en Syrie a mis cette minorité religieuse, essentiellement présente dans le pays de Bachar al-Assad, au cœur de l'actualité. Ils appartiennent à une tendance chiite hétérodoxe (qui s'écarte de la doctrine). La doctrine des alaouites aurait été élaborée au IXe siècle en Irak.

Ils ont une pratique religieuse assez souple. En général, la prière se fait dans l’intimité du foyer, rarement dans une mosquée. L’alcool est toléré. Les adeptes ignorent le jeûne et le pèlerinage à la Mecque. Ils croient en la réincarnation et célèbrent une forme d'eucharistie à l'aide de pain et de vin. Leur religion est un mélange d'éléments venus du chiisme, du christianisme byzantin et de cultes hellénistiques. Ils célèbrent des fêtes aussi bien musulmanes que chrétiennes, au point d'être souvent considéré comme non musulmans par certains. Cette minorité est au pouvoir en Syrie depuis 1970 à travers la famille Assad.

Chiisme C’est le deuxième courant le plus important de l’islam, après le sunnisme. Ce courant rassemble environ 10-15% des musulmans. Le mot chiisme dérive du mot arabe «shi'a» qui désigne à l’origine un «groupe». Ici un groupe de disciples. Les disciples d’Ali, gendre du prophète qui mourut assassiné. Son mausolée, qui fait l’objet d’importants pèlerinages, est situé à Nadjaf, dans l’actuel Irak.
 
La division avec le sunnisme fut d’abord historique et politique dans le cadre d’une guerre de succession après la mort de Mahomet. Sur un plan religieux, les chiites attendent l'arrivée du Mahdi, sorte de Messie «qui comblera la terre de justice et d'équité autant qu'elle est actuellement remplie d'injustice et de tyrannie». C’est le douzième imam des chiites, l’imam caché, qui vaut au chiisme ce terme de duodécimain.

Les chiites sont essentiellement présents en Iran et majoritaires en Irak et dispersés dans d'autres pays (Bahrein, Liban). Depuis l'instauration d'une République islamique en Iran, il existe une forte tension entre ce pays et certains Etats religieux sunnites, comme l'Arabie.

Manifestation pro-Khomeiny à Téhéran en janvier 1979 (AFP)

Djihadisme Le djihadisme est tiré du mot de djihad. Le djihad est un terme qui revient à plusieurs reprises dans le Coran. On l’assimile souvent au concept de guerre sainte alors que son sens est plus complexe. Il peut aussi bien avoir un sens de combat individuel pour s’améliorer dans la religion qu’un sens collectif pour développer la place de l’islam.
 
C’est sur ce concept que s’est forgée l’idée de djihadisme qu’on associe au «terrorisme islamiste», surtout après le 11-Septembre 2001.

Kouffar C’est un terme souvent utilisé par les partisans de Daech pour qualifier ses ennemis. Cela vient de l’arabe kafir qui signifie mécréant, incroyant voir infidèle. Le mot vient de connaître un certain succès quand Nathalie Kosciusko-Morizet a demandé l'interdiction du «koufarisme». 
 
Ibadisme Moins connu que le chiisme ou le sunnisme, l'ibadisme est une des branches de la tendance la plus minoritaire de l’islam, le kharidjisme. Ses adeptes sont considérés comme appartement à un mouvement contestataire. Les kharidjites sont accusés d’avoir assassiné Ali. L’Ibadisme est un mouvement qui refuse la violence. Ils sont principalement installés en Oman où il représente la majorité de la population. Des communautés se sont aussi installées au Maghreg (Mzab, Djerba…). 

Manifestantes salafistes à Tunis lors d'une manifestation. (FETHI BELAID / AFP)

Salafisme Le salafisme est un courant politico-religieux revendiquant un retour à l'islam des origines, qui serait donc fondé exclusivement sur le Coran. Le salafisme, qui se trouve chez les sunnites, est une doctrine particulière basée sur une approche rigoriste de l'islam. Sur cette base, les pratiques peuvent diverger.

Le mot vient de «salaf» qui en arabe siginifie «prédécesseur» ou «ancêtre». Ses adeptes veulent donc retrouver l'islam des «ancêtres», des débuts.

Dans les faits, les salafistes peuvent se diviser en plusieurs tendances. Le salafisme quiétiste affirme fuir la politique et la violence et se concentre sur le religieux. Il se veut donc très différent du salafisme djihadiste qui défend lui la lutte pour imposer cet islam idéalisé des débuts, des ancêtres. Ce salafisme plus politique est notamment apparu lors de la guerre d’Afghanistan, contres les Soviétiques. Pour Gilles Kepel, «la porosité entre salafisme et djihadisme demeure grande, même si les salafistes affirment ne pas être violents. Culturellement, les djihadistes sont des salafistes.»

Sunnisme C’est le courant majoritaire de l’islam. 85% des musulmans seraient surnnites. Le mot vient de «sunna» qui en arabe désigne les pratiques, la loi religieuse. C’est à la mort de Mahomet en 632 que débute une guerre de succession qui donnera naissance à la séparation entre sunnisme et chiisme.
 
C’est à partir de Damas et du triomphe des Omeyyades que le sunnisme s’impose dans la quasi-totalité du monde musulman. Seule l’Iran, une partie de l’Irak moderne et des zones situées en Syrie, Liban ou Turquie, pour l’essentiel, choisissent des voies différentes. 

Takfir Le mot est plutôt utilisé par les Iraniens et les ennemis de Daech (souvent les chiites) pour qualifier les partisans du groupe Etat Islamique. C’est une sorte d’excommunication. Mais le mot est aussi revendiqué par les partisans de Daech qui peuvent se qualifier de takfiristes dans le sens où ils peuvent désigner leurs ennemis comme des koufars (renégats, apostats). «La République islamique utilise généralement, pour désigner les membres de Daech, le qualificatif de "takfiri", c’est-à-dire "excommunicateurs"», note le site les Clés du Moyen Orient.

Le prince héritier et ministre de l'Intérieur Mohammed bin Nayef Al Saud (à gauche) et le prince Muqrin bin Abdulaziz en 2015. (AFP PHOTO / HO / SPA)


Wahhabisme Le wahhabisme est un mouvement de l'islam sunnite, prêchant un retour aux pratiques en vigueur à l’époque du prophète Mahomet et des premiers successeurs ou califes. Le nom vient du prédicateur Mohammed ben Abdelwahhab (1703-1792), un habitant de ce qui est aujourd’hui l’Arabie Saoudite. Son application rigoriste de l’Islam séduisit un émir local,  Mohammed Ibn Saoud, lointain ancètre des Saoud qui sont à la tête de l’Arabie Saoudite et qui ont conservé ce courant de pensée qui s’est développé au 18e. Mais l’Arabie préfère parler de salafisme.

Zaïdisme Il s’agit d’un courant du chiisme qui provient de Zayd ben Ali, un descendant du prophète. Cette branche du chiisme réussit à s’implanter dans quelques régions. Il a notamment perduré au Yémen. C’est à cette branche que se rattachent les houthistes du Yémen en lutte contre l’Arabie Saoudite. Sur un plan doctrinal, les zaïdites se séparent cependant fortement des chiites en rejetant l’idée du douzième imam. 

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