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30 millions de femmes menacées d'excision, selon l'ONU

L’excision est de moins en moins pratiquée dans le monde, mais reste imposée aux filles dans certains pays d’Afrique et du Moyen-Orient. Trente millions de femmes sont menacées de mutilation génitale dans les dix ans à venir, avertit l’Unicef.
Article rédigé par Dominique Cettour-Rose
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Deux jeunes filles en tenue d'apparât après une cérémonie d'excision, le 16 août 2006, à Bouroum-Bouroum, dans la province du Poni (Burkina Faso). (HEMIS.FR/Roy Phillippe/AFP)

Un rapport de l'agence onusienne, publié le 22 juillet 2013, estime à plus de 125 millions les jeunes filles et les femmes d’Afrique et du Moyen-Orient qui ont subi une excision. Si l'ablation partielle ou total des organes génitaux externes féminins est en recul, d'énormes progrès restent à accomplir pour éviter ce supplice à 30 millions de filles. Ces statistiques s'appuient sur des études réalisées au cours des vingt dernières années dans 29 pays. 

La Somalie arrive en tête des pays où ces mutilations demeurent la règle quasi absolue avec 98% des filles et des femmes de 15 à 49 ans excisées. Viennent ensuite la Guinée avec 96%, Djibouti avec 93% et l’Egypte avec 91%.

L'excision recule
Si la situation est préoccupante, l'organisation qui se consacre à la défense du droit des enfants, s’attache à démontrer que cette pratique est de moins en moins courante dans un peu plus de la moitié des 29 pays étudiés. C’est le cas notamment au Kenya et en Tanzanie, où « les femmes âgées de 45 à 49 ans sont trois fois plus susceptibles d’avoir été excisées que les filles entre 15 et 19 ans », souligne l’Unicef. Au Ghana, 60% des femmes de 40 ans et plus ont subi une excision, contre 16% pour les adolescentes.
 
De grandes différences apparaissent selon les coutumes sociales, familiales et ethniques, d’après l’Unicef. Au Bénin, 72% des filles peules ont subi une excision mais aucune appartenant aux ethnies Adjas et Fons. En revanche au Sénégal, les Peuls pratiquent ces mutilations génitales mais pas les Wolofs.



«Contrôle patriarcal»
Certaines données indiquent que femmes et hommes manifestent une volonté équivalente d’y mettre fin, indique l’Unicef bien que ces pratiques soient «souvent considérées comme l’expression d’un contrôle patriarcal», souligne l’agence. En Guinée ou au Tchad, les hommes seraient même plus nombreux que les femmes à vouloir l’arrêt de l’excision.

Illégale dans une vingtaine de pays africains, en Europe, aux Etats-Unis et au Canada notamment, la pratique a fait l'objet fin 2012 d'une condamnation de l'ONU, qui a appelé à y mettre fin. Elle est en effet parmi les plus néfastes pour le corps humain et ne concerne pas seulement l'Afrique et le Moyen-Orient. L'excisison «affecte aussi la vie de filles au sein des communautés d’immigrés dans les pays industrialisés», souligne le rapport.

Sans anesthésie
L'Unicef chiffre à «130 millions le nombre de femmes en vie, dont les droits humains ont été violés par l’excision»L’ampleur des lésions est extrêmement variée du fait que la procédure se déroule généralement sans anesthésie, sous un éclairage insuffisant, et provoque la résistance des victimes.

En Gambie, 54% des filles dont les mères estiment que cette pratique doit cesser ont été excisée contre 75% pour celles dont les mères pensent qu’il faut continuer. Même constat en Mauritanie et au Soudan. Pour faire bouger les lignes, l'Unicef mise sur l'éducation et plaide ainsi en faveur d’un niveau d’instruction plus élevé pour les mères. Un facteur qui, selon elle, diminue le risque d’excision chez les filles.

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