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L'attentat de Beyrouth créé un séisme politique au Liban

Au lendemain de l'assassinat du général Wissam al-Hassan dans un attentat à Beyrouth, le Liban replonge dans la tourmente. Le gouvernement s'est réuni en urgence samedi et le Premier ministre Najib Makiti a renoncé temporairement à quitter son poste, "dans l'intérêt national". Alors que le régime de Bachar al-Assad est pointé du doigt, la peur d'une propagation de la crise syrienne s'empare du pays.
Article rédigé par Mélanie Potet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Reuters)

Le gouvernement libanais est sur le qui-vive. Vendredi, un attentat à la voiture piégée a fait huit morts et 86 blessés à Beyrouth. Parmi les victimes, le chef des renseignements de la police libanaise, Wissam al-Hassan, musulman sunnite et bête noire de la Syrie. Et c'est justement le régime syrien qui est accusé par certains responsables politiques libanais d'être impliqué dans cet attentat.

Séisme politique

Quelques heures après cet attentat, l'opposition a demandé  la démission du gouvernement, où le Hezbollah chiite, allié de Bachar al-Assad, joue un rôle prédominant. Samedi, le Premier ministre, Najib Mikati a expliqué avoir accepté , à la demande du chef de l'État, Michel Sleimane, de garder son poste temporairement "dans l'intérêt national" du pays a précisé le Premier ministre. 

Alors qu'aucune revendication n'a été rendue publique, des manifestations de colère ont éclaté dans la communauté sunnite. Tandis que plusieurs routes ont été coupées par des hommes armés, les forces de sécurités libanaises ont renforcé le dispositif de contrôles routiers et le gouvernement s'est réuni en urgence après cet attentat qui ravive les souvenirs de la sanglante guerre civile de 1975-1990.

Vers un nouveau cycle de violences?

De son côté, la presse libanaise craint que le "pire" soit à venir quatre ans après le dernier attentat du genre. Pour le quotidien An-Nahar, cet attentat a "transporté le Liban d'une rive à une autre, avec tous les dangers qui guettent la stabilité et la sécurité" . As-Safir affichait en titre "la paix civile en danger" pendant que le quotidien francophone L'Orient Le Jour estimait que le général Hassan était "sans
conteste le fonctionnaire le plus précieux, le plus indispensable, dans un Liban
en proie de puis des années aux atteintes du terrorisme politique"

Pour le Beirut Star, les auteurs du drame sont animés par la volonté de faire plonger le Liban dans un cycle de nouvelles violences. "Si l'objectif était de détourner l'attention des
événements qui se produisent en Syrie, alors il faudra s'en souvenir et empêcher
toute tentative visant à ramener le Liban vers la tension et les luttes
intestines"
, poursuit le journal.

La peur d'une propagation de la crise syrienne

En dépit des nombreuses accusations, Omrane al Zoabie, ministre syrien de l'Information, dénonce un "acte terrorriste" et déclare que le régime syrien condamne "cette explosion terrorriste et toutes ces explosions où qu'elles se produisent. Rien ne les justifie" .

Véritable guerre civile, la crise en Syrie fragilise le Liban, divisé sur l'attitude à adopter à l'égard de son puissant voisin qui, longtemps, a pesé sur sa politique intérieure. Et l'inquiétude qui gagne le pays vaut aussi dans les capitales occidentales, hostiles
au régime de Bachar al-Assad, qui craignent que cette guerre civile ne déborde des frontières syriennes. 

Pour Augustus Richard Norton, spécialiste du Proche-Orient à
l'université de Boston, il est trop tôt pour dire qui a commis l'attentat de
vendredi. "Cependant, il ne fait aucun doute que la mort d'Hassan donnera
le sourire à Bachar al-Assad et à ses comparses"
, ajoute-t-il.

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