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Italie : trois questions aprÚs la large victoire des autonomistes en Vénétie et en Lombardie

Les résultats des votes de dimanche sont sans appel. Selon les chiffres quasi définitifs, les électeurs ont voté à 95% en faveur du "oui" en Lombardie et à 98% en Vénétie.

Article rédigé par franceinfo
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Un électeur du référendum d'autonomie en Vénétie (Italie), dimanche 22 octobre à Venise. (ANDREA PATTARO / AFP)

L'Italie est-elle en train de se morceler ? Dimanche 22 octobre, les habitants des riches régions de la Vénétie et de la Lombardie ont voté à une écrasante majorité en faveur d'une plus grande autonomie. De quoi leur donner un pouvoir de négociation face à Rome. Franceinfo répond à vos interrogations sur ce scrutin consultatif  trÚs observé, quelques semaines aprÚs le vote d'autodétermination de la Catalogne.

1Quels sont les résultats ?

Les résultats sont sans appel. Selon les chiffres quasi définitifs, les électeurs ont voté à 95% en faveur du "oui" en Lombardie et à 98% en Vénétie. Le président de la Vénétie, Luca Zaia, a évoqué un "big bang" institutionnel, soulignant que la volonté d'autonomie était partagée "par une population entiÚre" et non portée par un seul parti. Dans cette région, la publication des résultats a été ralentie par une attaque de hackers.

Le niveau de participation était aussi particuliÚrement scruté. Lundi matin, il était estimé à 40% en Lombardie et 57% en Vénétie. Le président de la premiÚre région, Roberto Maroni, avait estimé qu'une participation supérieure à 34% serait un succÚs. En Vénétie, le scrutin n'était valide que si un quorum de 50% était dépassé. Les deux régions ont donc relevé leurs défis respectifs pour avoir un pouvoir de négociation face à Rome.

Le "oui" avait aussi le soutien de la Ligue du Nord (extrĂȘme droite), parti au pouvoir dans les deux rĂ©gions et promoteur du rĂ©fĂ©rendum, de Forza Italia de Silvio Berlusconi (centre droit), du Mouvement 5 Ă©toiles (populiste) et de plusieurs syndicats et organisations patronales. Le Parti dĂ©mocrate (centre gauche, au pouvoir) n'avait pas donnĂ© de consigne.

2Que va-t-il se passer maintenant ?

Pour le moment, les Ă©lecteurs ont exprimé leur souhait que ces deux rĂ©gions disposent de "formes supplĂ©mentaires et conditions particuliĂšres d'autonomie", selon la formule inscrite dans la Constitution. La nature et l'ampleur de cette autonomie doit dĂ©sormais ĂȘtre nĂ©gociĂ©e avec Rome, puis validĂ©e par le Parlement italien.

Les deux régions vont pouvoir peser de tout leur poids économique face à Rome.  La Lombardie (10 millions d'habitants) et la Vénétie (5 millions) figurent parmi les régions les plus riches d'Italie et contribuent à hauteur de 30% au PIB du pays. Elles sont aussi parmi les plus "vertueuses" en termes d'endettement, de dépenses publiques par habitant et de fonctionnement du systÚme de santé.

Leur principale revendication concerne la rĂ©partition des impĂŽts. Il faut dire que les deux rĂ©gions versent 70 milliards d'euros en taxes et impĂŽts de plus que ce qu'elles reçoivent au titre des dĂ©penses publiques. Une somme colossale dont Roberto Maroni et Luca Zaia entendent rĂ©clamer la moitiĂ© Ă  Rome. Ils estiment que les fonds publics sont mal gĂ©rĂ©s par l'Etat central et pourraient ĂȘtre utilisĂ©s de maniĂšre beaucoup plus efficace. 

3Une situation comparable à la Catalogne ?

Quelques semaine aprÚs le référendum d'autodétermination de la Catalogne, ce vote sonne comme un nouveau coup porté à l'unité des pays européens. Pourtant, ces scrutins sont différents à bien des égards. PremiÚrement, les deux référendums en Vénétie et Lombardie étaient autorisés par le gouvernement italien, contrairement au scrutin catalan, suspendu par la Cour constitutionnelle.

Les organisateurs des scrutins italiens ont aussi répété que leur démarche restait pleinement dans le cadre de l'unité italienne. Il s'agit simplement d'obtenir des pouvoirs supplémentaires et non pas l'indépendance de ces régions, contrairement à la Catalogne. "Les similarités sont minimes, le sentiment indépendantiste n'étant pas trÚs répandu", dans ces deux régions italiennes, a souligné Nicola Lupo, professeur de sciences politiques à l'université Luiss de Rome.

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