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Israël: vers l'Asie, toute !
Israël se tourne vers l’Asie. Alors que ses relations avec son grand allié traditionnel, les Etats-Unis, et au-delà avec les pays européens, ont tendance à se refroidir, l’Etat hébreu a des échanges de plus en plus intenses avec le continent asiatique. A commencer par la Chine et l’Inde.
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«La Chine considère que ses relations avec Israël sont d’une importance considérable», expliquait l’ambassadeur chinois à Tel Aviv en mai 2015, avant une visite de quatre jours du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, dans l’ex-Empire du Milieu, selon le magazine Forbes. En 2014, les échanges entre les deux pays ont atteint 8 milliards de dollars. Et ce, alors qu’ils n’ont installé des ambassades dans leurs capitales respectives que depuis 1992.
Les entreprises chinoises ont investi pour 4 millions de dollars dans l’Etat hébreu. Le groupe Bright Food a ainsi racheté le consortium laitier israélien Tnuva, comme l’ont été «une poignée de start-up de haute technologie», note The Economist.
L’Inde n’est pas en reste : en 2014, les échanges bilatéraux ont atteint 4 milliards de dollars. New Delhi a lancé en 2004 un satellite israélien de 300 kilos. Lequel a «considérablement augmenté les capacités israéliennes en matière de collecte d’informations sur le programme nucléaire iranien», explique Forbes. De son côté, Israël est devenu le second fournisseur en armes de son partenaire.
Il faut dire que l’Etat hébreu, super-puissance high-tech, qui disposait en 2011 «du plus fort indice d’investissement en recherche par tête d’habitant au monde» (Le Figaro) a beaucoup à offrir. Ce qu’ont bien compris de nombreux autres Etats asiatiques, à commencer par Singapour, la Corée du Sud et le Japon.
L’attitude de Tokyo est assez significative de l’évolution des relations entre Israël et l’Asie : «Le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, est désireux de forger des liens plus étroits avec (Tel Aviv), ce qui entraînerait une prise de distance avec la politique pro-arabe de ce pays importateur de pétrole.» Une prise de distance qu’autorisent les actuelles difficultés des Etats du Golfe, Arabie Saoudite en tête.
Le rapprochement est aussi favorisé par les turbulences que connaissent les relations israélo-américaines. En clair, vue de Jérusalem, l’Asie apparaît comme un utile contre-poids face à des pays occidentaux où l’on parle beaucoup «boycott» et «désinvestissement», à travers la campagne BDS, en raison de la politique israélienne au Proche-Orient.
Rapprochement
Dans ce contexte, les pays asiatiques n’hésitent plus à s’afficher politiquement avec Israël. Le 3 juillet 2015, le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU a adopté une résolution appelant à juger tous les responsables des crimes de guerre commis pendant le conflit à Gaza à l'été 2014. La résolution, présentée par le Pakistan a reçu l'appui de 45 pays, dont la France, le Royaume-Uni et l'Allemagne. Seuls les Etats-Unis ont voté contre. Et cinq pays, dont l'Inde, se sont abstenus. «C’est la première fois que dans un vote majeur contre Israël, l’Inde n’a pas voté avec les Arabes», observe, étonné, un diplomate israélien cité par The Economist.
Ce rapprochement pouvait paraître impensable il y a quelques années. Côté israélien, il a été favorisé par le fait que «l’on ne trouve pas en Asie l’antisémitisme» traditionnel en Europe et au Moyen-Orient, constate Forbes. De leur côté, les pays asiatiques apprécient la politique de Tel Aviv contre la menace djihadiste.
Sur le plan militaire, le fait que l’Etat hébreu soit un leader mondial en matière de technologie anti-missiles et de drones est «un élément attractif pour les pays asiatiques qui entendent développer leurs armées nationales alors que leurs économies sont en pleine croissance». Des pays également attirés par les capacités israéliennes en matière de renseignement.
Mais ce qui est un avantage peut aussi être un inconvénient… En Israël, certains commencent à s’inquiéter de la présence chinoise. Dès 2013, l’ancien directeur du Mossad, Efraim Halevy, avait ainsi fait valoir les implications stratégiques que pourrait avoir l’engagement des entreprises de Pékin dans des projets d’infrastructures, notamment ferroviaires.
Il avait par ailleurs souligné les relations étroites entre la Chine et l’Iran, le grand ennemi d’Israël. De fait, lors des discussions sur le nucléaire de Téhéran, les autorités chinoises avaient conjointement demandé que soit levé l’embargo sur les ventes d’armes à l’Iran. Les renversements d’alliance de l’Etat hébreu ne sont peut-être pas encore tout à fait à l’ordre du jour…
Les entreprises chinoises ont investi pour 4 millions de dollars dans l’Etat hébreu. Le groupe Bright Food a ainsi racheté le consortium laitier israélien Tnuva, comme l’ont été «une poignée de start-up de haute technologie», note The Economist.
L’Inde n’est pas en reste : en 2014, les échanges bilatéraux ont atteint 4 milliards de dollars. New Delhi a lancé en 2004 un satellite israélien de 300 kilos. Lequel a «considérablement augmenté les capacités israéliennes en matière de collecte d’informations sur le programme nucléaire iranien», explique Forbes. De son côté, Israël est devenu le second fournisseur en armes de son partenaire.
Il faut dire que l’Etat hébreu, super-puissance high-tech, qui disposait en 2011 «du plus fort indice d’investissement en recherche par tête d’habitant au monde» (Le Figaro) a beaucoup à offrir. Ce qu’ont bien compris de nombreux autres Etats asiatiques, à commencer par Singapour, la Corée du Sud et le Japon.
L’attitude de Tokyo est assez significative de l’évolution des relations entre Israël et l’Asie : «Le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, est désireux de forger des liens plus étroits avec (Tel Aviv), ce qui entraînerait une prise de distance avec la politique pro-arabe de ce pays importateur de pétrole.» Une prise de distance qu’autorisent les actuelles difficultés des Etats du Golfe, Arabie Saoudite en tête.
Le rapprochement est aussi favorisé par les turbulences que connaissent les relations israélo-américaines. En clair, vue de Jérusalem, l’Asie apparaît comme un utile contre-poids face à des pays occidentaux où l’on parle beaucoup «boycott» et «désinvestissement», à travers la campagne BDS, en raison de la politique israélienne au Proche-Orient.
Rapprochement
Dans ce contexte, les pays asiatiques n’hésitent plus à s’afficher politiquement avec Israël. Le 3 juillet 2015, le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU a adopté une résolution appelant à juger tous les responsables des crimes de guerre commis pendant le conflit à Gaza à l'été 2014. La résolution, présentée par le Pakistan a reçu l'appui de 45 pays, dont la France, le Royaume-Uni et l'Allemagne. Seuls les Etats-Unis ont voté contre. Et cinq pays, dont l'Inde, se sont abstenus. «C’est la première fois que dans un vote majeur contre Israël, l’Inde n’a pas voté avec les Arabes», observe, étonné, un diplomate israélien cité par The Economist.
Ce rapprochement pouvait paraître impensable il y a quelques années. Côté israélien, il a été favorisé par le fait que «l’on ne trouve pas en Asie l’antisémitisme» traditionnel en Europe et au Moyen-Orient, constate Forbes. De leur côté, les pays asiatiques apprécient la politique de Tel Aviv contre la menace djihadiste.
Sur le plan militaire, le fait que l’Etat hébreu soit un leader mondial en matière de technologie anti-missiles et de drones est «un élément attractif pour les pays asiatiques qui entendent développer leurs armées nationales alors que leurs économies sont en pleine croissance». Des pays également attirés par les capacités israéliennes en matière de renseignement.
Mais ce qui est un avantage peut aussi être un inconvénient… En Israël, certains commencent à s’inquiéter de la présence chinoise. Dès 2013, l’ancien directeur du Mossad, Efraim Halevy, avait ainsi fait valoir les implications stratégiques que pourrait avoir l’engagement des entreprises de Pékin dans des projets d’infrastructures, notamment ferroviaires.
Il avait par ailleurs souligné les relations étroites entre la Chine et l’Iran, le grand ennemi d’Israël. De fait, lors des discussions sur le nucléaire de Téhéran, les autorités chinoises avaient conjointement demandé que soit levé l’embargo sur les ventes d’armes à l’Iran. Les renversements d’alliance de l’Etat hébreu ne sont peut-être pas encore tout à fait à l’ordre du jour…
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