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Iran/Occident : plein «Accor» pour les affaires

Le groupe hôtelier français Accor est le premier à s’implanter en Iran suite à la levée des sanctions. Le tourisme attend beaucoup de la normalisation des relations entre Téhéran et les Occidentaux. Mais tous les secteurs piaffent d’impatience.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Accor vient de prendre la gestion de deux hôtels à Téhéran.  (AFP)

Accord va reprendre la gestion de deux hôtels situés à l’aéroport de Téhéran. L’un (300 chambres) portera les couleurs de Novotel, l’autre plus petit (200 chambres) celles d’Ibis.
 
Pour Sébastien Bazin, le PDG d’Accor, le groupe entend s’installer durablement dans ce pays au fort potentiel. «L’Iran a absolument tout, en terme de patrimoine historique, de site extraordinaire… et un grand sens de l’accueil. Aux vues des capacités de l’Iran, Accor pourrait gérer une centaine d’hôtels.» Accor pourrait signer des contrats dans une vingtaine de villes, essentiellement avec sa marque Ibis, mais espère bien implanter ses gammes moyennes et supérieures.


 
Le groupe hôtelier, le premier en Europe par le nombre de chambres, est la première entreprise occidentale à pénétrer le marché iranien depuis la révolution de 1979. A l’époque, les islamistes craignaient que des visiteurs étrangers menacent les valeurs de l’Islam et avaient rompu les contrats avec les grandes marques comme Hilton ou Hyatt.

Le pire a peut-être été atteint sous la présidence du très conservateur Mahmoud Ahmadinejad. Durant huit années, le pays s’est isolé dans la crise nucléaire, et le tourisme en a pâti.

Un riche potentiel touristique
Le vice-président iranien chargé du Tourisme et de l'héritage culturel, Massoud Soltanifar, a reconnu pendant la cérémonie de signature que son pays avait de gros besoins, son objectif étant d'accueillir «vingt millions de touristes d'ici 2025. Sur les 1.100 hôtels en Iran, 130 sont des 4 ou 5 étoiles et nous devons en avoir 400 d'ici dix ans», a-t-il affirmé.

Ajoutons que les critères iraniens sont, selon les spécialistes, trois niveaux en dessous des standards internationaux. Mais les touristes ne tiennent pas rigueur de ce retard, comprenant le poids des trente années écoulées. Selon Jonny Bealby, fondateur du tour opérateur britannique Wild Frontiers, «les touristes savent tout cela. En venant en Iran, ils n’attendent pas trouver un service haut de gamme ni des hôtels merveilleux».

Une signature qui en appelle d’autres
L'Iran affirme que le pays se prépare à accueillir dix délégations commerciales européennes dans les deux prochaines semaines, soulignant que la hausse de la fréquence des visites de délégations commerciales est le résultat de la percée sur le dossier du nucléaire en juillet 2015.
 
La première d’entre elles sera polonaise et conduite par le ministre de l’Economie, Janusz Piechocinski. Pas moins de soixante compagnies polonaises feront le voyage, preuve que l’Europe compte beaucoup sur le marché iranien. La Pologne n’est pas un partenaire économique majeur de l’Iran. Il n’arrive qu’au cinquantième rang des importateurs de biens iraniens hors pétrole. Essentiellement des denrées agricoles.
Manifestation à Téhéran le 1er février 2010 pour commémorer l'anniversaire de la révolution islamique. (AFP)
 
Les affaires reprennent aussi avec l’Afrique du Sud qui, avant les sanctions contre Téhéran, importait 380.000 barils de pétrole iranien chaque jour. Selon le directeur de la Compagnie nationale des pétroles, un accord a été signé avec Pretoria, ce qui va placer le pays en tête des importateurs de pétrole iranien.
 
Le marché automobile fait des envieux
Voilà bien un secteur chargé de symboles. A lui seul, il illustre tous les espoirs qui reposent dans la réouverture économique de l’Iran. Malgré le contexte international, il s’y est vendu 1,1 million de véhicules en 2014. Les constructeurs automobiles piaffent pour reconquérir le marché iranien. Au premier rang, on retrouve PSA qui, avant les sanctions occidentales, était le premier constructeur du pays. Un rang que le Français entend bien reconquérir. Son PDG Fernand Tavarès a annoncé que le groupe poursuivait les discussions pour la distribution de la marque DS.
 
Pour Peugeot et Citroën, «je crois qu’il y a un intérêt de l’Iran, ajoute Fernand Tavarès, à avoir une industrie automobile avec l’apport de technologie, une intégration locale, une information industrielle. Nous sommes prêts à jouer ce jeu-là».
 
Bien sûr, les concurrents ne restent pas les bras croisés. Renault entend aussi revenir dans la course. Selon une société de prévision, la firme pourrait atteindre12% du marché en 2020. Mais selon le Financial Times, l’Allemand Volkswagen pourrait grâce à la variété de ses marques et de sa gamme être le vainqueur du bras de fer. Un match arbitré par la Chine qui a profité de l’absence des Occidentaux pour s’implanter.
 

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