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"Si je veux un bon travail, il faut que je parte étudier à l’étranger" : la jeunesse grecque peine à sortir de la crise

La Grèce retrouve officiellement lundi son autonomie financière. Mais si les réformes ont assaini les finances du pays, les Grecs, eux, se sont appauvris et le taux de chômage des jeunes flirte avec les 40%. Soit le double du reste de la population active.

Article rédigé par Isabelle Raymond
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Après leurs études, Aris et Georges peinent à trouver leur place sur le marché du travail. (ISABELLE RAYMOND / RADIO FRANCE)

À 21 ans, Aris est un jeune homme très sérieux. Barbe bien taillée et chemise repassée, l’étudiant est inscrit en histoire à l’université d’Athènes depuis 3 ans. Il décrit des études chaotiques. "En Grèce, les livres sont gratuits pour les étudiants, explique-t-il. C'est resté le cas pendant la crise. Et la plupart des programmes d’archéologie et de recherches d’archives ont été maintenus malgré le manque de moyens. Mais ma scolarité a tout de même été compliquée jusqu’à présent." 

Les professeurs souvent en grève

"Je comprends que ce soit difficile pour les professeurs de rester motivés alors que leurs salaire a beaucoup diminué, poursuit l’étudiant. Ils étaient souvent en grève. Et les étudiants ont bloqué plusieurs fois les examens pour protester contre les mesures d’austérité." Aris occupe un petit appartement qui appartient à sa grand-mère. Il n’a plus beaucoup de loisirs depuis qu’il a quitté son boulot de secrétariat dans une école. "Trop contraignant", dit-il.

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Son ami d’enfance, Georges, gagne un peu d’argent comme basketteur professionnel. Il est aussi étudiant, en économie. Sa décision est prise, la suite de ses études se déroulera à l’étranger : "Je n’ai pas le choix. Si je veux un bon travail, ici ou ailleurs, il faut que je parte faire mes études à l’étranger car elles sont de meilleure qualité."

Je vois bien que tous les gens qui ont une bonne situation, dans les ministères, dans les entreprises, ont fait le choix d'étudier ailleurs

Georges

à franceinfo

Georges hésite encore à faire sa vie ici en Grèce. Car les jeunes continuent de payer le prix fort de la crise économique et financière. Alors que le taux de chômage est passé sous la barre des 20% pour la première fois depuis sept ans, il flirte encore avec les 40% pour les 15-24 ans. Des chiffres qui occultent une autre facette de la réalité : beaucoup de travail au noir pour les jeunes, notamment comme saisonnier.

Orestis, 25 ans, termine des études de communication. (ISABELLE RAYMOND / RADIO FRANCE)

Orestis, lui, a été déclaré comme stagiaire. Il a 25 ans et termine des études de communication : "Pendant un an, j’ai travaillé 6 heures par jour pour 300 euros par mois. Dans cette entreprise, on nous disait qu’on ne trouverait rien de mieux payé, qu’on avait bien de la chance d’avoir un travail stable. Et d’autres amis sont tombés sur des entreprises similaires, qui utilisent la même stratégie et profitent de la crise pour sous-payer leurs salariés." Aujourd’hui même, Orestis doit passer un premier entretien pour un job à plein temps déclaré. Au téléphone, il n’a pas osé demander quel était le salaire proposé.

La jeunesse grecque peine à sortir de la crise - reportage d'Isabelle Raymond

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