"Fin mai, 70% de la population sera vaccinée" : sur l'île grecque de Kea, les habitants se protègent du Covid-19 pour sauver la saison touristique
La Grèce a fait le choix de vacciner en priorité ses habitants en contact avec les touristes, pour limiter la casse de ce secteur essentiel à l'économie du pays.
"C'est le paradis !", lance, radieuse, une jeune touriste française, sur le bateau qui arrive au port de Kea, petite île d'environ 2 500 habitants, dans les Cyclades. La Grèce a officiellement rouvert sa saison touristique le 14 mai dernier, avec une volonté de vacciner contre le Covid-19 en priorité la population des îles, qui attirent chaque année des millions de touristes du monde entier. Le programme a été symboliquement baptisé "Eleftheria" : "liberté".
Les passagers de ce navire ont dû présenter un test Covid négatif, "c'est normal", réagit l'une des Françaises à bord. "C'est pour eux, c'est pour qu'ils évitent de foutre en l'air la saison." Son amie acquiesce : "On est déjà content que ça rouvre, alors un petit test, ça ne paraît pas la mer à boire. On se sent vraiment en sécurité, c'est bien préparé." Au programme du groupe de jeunes femmes : "Balade et petit resto de fruits de mer, les pieds dans l'eau."
Direction le port, où les pêcheurs se félicitent de la reprise du tourisme, à l'image de Theodoros : "Les touristes viennent ici, ils dépensent de l'argent et on peut vendre nos poissons." Sans les consommateurs étrangers, il est vraiment difficile d'écouler les stocks, assure le pêcheur, qui ne partait même plus en mer. Il a touché 3 500 euros d'aides de l'État, pour tenir le coup pendant toute la période de fermeture.
Dans le centre du village, parcouru de jolies ruelles blanches, tout le monde ou presque est vacciné. "Il y a très peu de médecins sur l'île. Sans le vaccin, avoir une saison touristique, ce serait impossible, ce serait trop dangereux", explique une habitante. À la boulangerie, pour le patron Vassilis, c'est prévu mercredi. "Moi, je ne suis pas tout à fait d'accord, mais je suis obligé de le faire, explique-t-il. J'ai tardé à prendre mon rendez-vous, la plupart de mon entourage a déjà été vacciné, moi je ne le fais que maintenant." En cause, quelques réticences ressenties par le boulanger : "Par rapport à beaucoup de choses. Je le fais parce que c'est Pfizer, si c'était AstraZeneca je ne l'aurais pas fait, je serais allé à Athènes pour avoir le vaccin Pfizer."
Pas très loin du port de Kea, on rencontre Mara, la propriétaire d'un hôtel cinq étoiles. "On ne fera pas une saison au niveau de 2019, qui était une année record. Mais ce sera mieux que l'an dernier, veut croire la professionnelle. On reçoit beaucoup de visiteurs d'Athènes. Le mois d'août sera complet, c'est sûr. Notre chiffre d'affaires va probablement augmenter de 20% par rapport à l'an dernier. L'an dernier, on a fait 50% de moins qu'en 2019. Mais on est sur la bonne voie."
"L'objectif, c'est que la population soit en sécurité avec l'été qui arrive et qu'elle puisse accueillir sans crainte tous les vacanciers qui vont venir."
Rena Velissaropoulouà franceinfo
"D'ici à la fin du mois de mai, 70% de la population de l'île sera vaccinée", affirme de son côté Rena Velissaropoulou, la maire de Kea, très scrupuleuse sur les gestes barrières. "Il n'y a eu aucun décès lié au Covid à Kea et seulement une quinzaine de personnes positives depuis le début de la pandémie. La vaccination a commencé timidement il y a deux mois, il y avait de la réticence, les habitants avaient peur au début, mais maintenant, ça avance très vite. Hier, par exemple, il y a eu une centaine de vaccinations." Que souhaiter à Kea et à ses habitants pour cet été ? "Sécurité, santé, de la bonne compagnie avec tous les gens qui viendront sur notre île."
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