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Séisme en Italie : à Amatrice, "nous n'abandonnerons personne, et toutes les maisons seront rebâties"

Article rédigé par Fabien Magnenou - Envoyé spécial à Amatrice (Italie),
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Des secouristes dans les ruines d'Amatrice (Italie), au lendemain du séisme meurtrier qui a secoué le centre du pays, le 24 août 2016. (IPA PRESS ITALY / SIPA)

Plusieurs centaines de secouristes, de militaires, de membres des forces de l'ordre et de volontaires sont déployés dans la ville meurtrie par le violent séisme de mercredi. 

"On a eu froid à cause de la température, mais aussi à cause de la douleur et de la peur." A Amatrice (Italie), le jour se lève à peine, jeudi, mais de nombreux habitants sont déjà debout, encore hagards face au spectacle de désolation laissé par le puissant séisme qui a secoué le centre du pays, mercredi 24 août.

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Une couverture sur le dos, Nina et Dino ont dormi dans leur voiture. Seule une trentaine d'habitants ont passé la nuit au Palazzetto dello sport, le gymnase local. Membre de la protection civile, Pier Paolo pense que beaucoup d'habitants, encore traumatisés par le séisme qui a détruit leur maison, ont préféré ne pas dormir sous un toit, peut-être par peur de nouvelles répliques.

Certains habitants d'Amatrice ont passé la nuit du jeudi 25 au vendredi 26 août 2016 dans leur voiture. (FABIEN MAGNENOU / FRANCETV INFO)

"Un besoin en nourriture et en vêtements"

Le dispositif d'assistance aux victimes est malgré tout passé à la vitesse supérieure. Dans le gymnase en question, où 250 lits d'appoint ont été installés à la hâte, quelque 70 secouristes forment une chaîne humaine, et s'activent pour amener au plus vite des packs de bouteilles d'eau, des couvertures, des denrées alimentaires, des tentes...

Combien de temps les habitants vont-ils pouvoir rester ici ? Impossible à savoir, faute de solution pérenne. Derrière le bâtiment, des plats sont préparés en cuisine pour les secouristes, tandis que s'amoncellent les donations de particuliers ou d'associations. "Les familles sinistrées ont surtout besoin de nourriture et de vêtements, insiste Pier Paolo. Quand elles ont fui leur habitation, bien souvent, elles n'ont rien pu prendre avec elles."

Un centre de premiers secours pour soigner les blessés

Juste en face du Palazzetto, quelques familles sinistrées ont pris place dans le parc communal Padre Giovanni Minozzi. Kevin, victime d'une vilaine coupure, a la main bandée. "Ce sont les pompiers qui m'ont soigné, mais pas ici, à San Benedetto. Ensuite, je suis revenu ici." Impossible, en effet, de soigner les blessés sur place, d'autant que l'hôpital local a, lui aussi, été détruit. Alors, sur le terrain de football de la commune, la Croix-Rouge termine justement l'installation d'un centre de secours. 

A 14h30, une forte secousse suscite un début de panique chez les secouristes et les habitants. Tous s'écartent aussitôt des murs du Palazzetto, pour éviter les chutes de matériaux et de gravats.

Fruits, salades, biscottes de Nutella, focaccia, gâteaux apéritifs, lait... Certaines denrées proposées par des volontaires sont siglées "aide européenne, produit non commercialisable". Mais les particuliers et les associations, eux aussi, ont fait preuve d'une grande générosité, à en juger par les pyramides de bouteilles d'eau et de nourriture visibles un peu partout à Amatrice.

Alors que la ville a donné son nom à la fameuse sauce amatriciana, un appel a été lancé (en italien) aux restaurateurs romains pour qu'ils reversent deux euros à la Croix-Rouge — un pour le client, un pour le patron — à chaque commande de cette spécialité aux lardons.

L'un des points de ravitaillement ouverts dans la ville d'Amatrice (Italie), afin d'aider les habitants sinistrés après le séisme. (FABIEN MAGNENOU / FRANCETV INFO)

"Retrouver un peu de tranquillité et mieux adapter nos moyens"

Beaucoup d'Italiens ont également choisi de venir donner un coup de main, comme Giovanni. Le village du jeune homme est situé près de L'Aquila, mais avait été épargné par le séisme meurtrier de 2009. Touché par la catastrophe, il est venu proposer ses services de conducteur d'engin de chantier. "Mais je dois patienter, car les secouristes cherchent encore des victimes dans les décombres". Quelques heures plus tard, nous le recroisons dépité de ne pas avoir encore pu commencer.

Certains habitants sinistrés se sont installés dans le parc communal d'Amatrice (Italie), après le séisme. (FABIEN MAGNENOU / FRANCE INFO)

Afin de coordonner tous les efforts des sauveteurs et des volontaires, un centre de commandement a été installé dans la mairie d'Amatrice. Le nombre de personnes venues en renfort augmente d'heure en heure, au point d'entraîner quelques désagréments. Des policiers sont même chargés de faire la circulation, tant les rues sont engorgées d'imposants véhicules et d'engins de chantier.

Il y a une grande générosité et une grande attention de tous, mais aujourd'hui, c'est même un peu trop. Il faut retrouver un peu de tranquillité et organiser nos moyens de façon adaptée.

Fabrizio Curcio, commandant de la protection civile

à francetv info

Pour l'heure, les autorités veulent surtout rassurer les habitants. "Nous n'abandonnerons personne et il n'y aura pas de préfabriqués. Toutes les maisons seront rebâties, promet Giovanni Coviello, responsable local des gardes-forestiers. Les gens ont surtout besoin d'espoir et de confiance, et que tout redevienne comme avant." Au vu des destructions du centre-ville, nul doute que tout cela prendra du temps. Enormément de temps.

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