Paris : un policier filmé en train de gazer les affaires personnelles de migrants, une enquête administrative ouverte
La scène se passe près de la station de métro Stalingrad, dans le 19e arrondissement de Paris, où un peu moins de 100 sans-domicile fixe (SDF) vivent. Utopia 56 a partagé jeudi soir sur les réseaux sociaux une image "rare" mais qui illustre, selon l'association humanitaire, des "pratiques régulières" de la police : un CRS en train de diffuser du gaz lacrymogène sur les effets personnels de plusieurs SDF, les rendant inutilisables.
La plupart de ces SDF sont des demandeurs d'asile, assure Utopia 56, dont l'un des bénévoles filme la scène. La police nationale a ouvert une enquête administrative après la diffusion de ces images, mais selon nos informations, "pour l'heure l'IGPN n'est pas saisie" du dossier. L'association, de son côté, a contacté la Défenseure des droits et dit avoir l'intention de saisir la police des polices.
"Deux jours plus tôt, on avait fait une grosse distribution de matériel d'urgence, dont des couvertures"
"Sur cette vidéo, vous voyez un CRS qui asperge du gaz lacrymogène sur les couvertures, les matelas et les effets personnels de deux personnes en demande d'asile qui survivent à la rue", détaille Nicolaï Posner, coordinateur à Paris pour Utopia 56. Ce bénévole n'est pas celui qui a filmé la scène. Pour l'association, il n'y a aucun doute ni sur l'identité des présumées victimes, ni sur celles des suspects. "On intervient quotidiennement sur ces campements", explique Nicolaï Posner. "Deux jours, plus tôt, on avait fait une grosse distribution de matériel d'urgence, dont des couvertures, et de quoi survivre dans la rue. Donc, on connaît bien ces personnes, raconte le bénévole. Ensuite, pour les policiers, il y avait trois camions de CRS qui étaient là. Il y a ensuite une discussion qui a été amorcée entre les bénévoles [d'Utopia 56] et les CRS qui étaient sur place. Donc, il n'y a pas vraiment de doute".
Cette scène "rare" filmée par Utopia 56 vient pour l'association corroborer des "témoignages qu'on a depuis des années de personnes qui se font gazer leurs affaires, ou qui se font gazer en dormant à même le sol, ou qui se font gazer directement dans leurs tentes", poursuit Nicolaï Posner.
"Aujourd'hui, quand on a reçu cette image, on s'est dit 'enfin ! on va pouvoir donner écho à la vérité subie par ces personnes depuis des années et des années'."
Nicolaï Posner, coordinateur à Paris pour Utopia 56à franceinfo
L'association a relevé les numéros d'immatriculation et compte saisir l'IGPN
Une preuve solide confortée par la saisie des numéros d'immatriculation des véhicules de police. Utopia 56 espère que l'IGPN va se saisir de cette affaire. Plusieurs fois, l'association a tenté de lancer la police des polices sur des enquêtes liées à des suspicions de maltraitances commises par des policiers, notamment à Calais ou Dunkerque. En six mois, elle a saisi trois fois l'IGPN, en vain.
"C'est toujours compliqué pour nous d'en parler avec la préfecture de police [de Paris]", souligne le bénévole chez Utopia 56. Nicolaï Posner, coordinateur à Paris pour Utopia 56, a saisi en revanche la Défenseure des droits. "Parallèlement, on va faire une saisie de l'IGPN."
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